We’ve updated our Terms of Use to reflect our new entity name and address. You can review the changes here.
We’ve updated our Terms of Use. You can review the changes here.

Chansons acadiennes de Pubnico et Grand​-​É​tang / Acadian Songs from Pubnico and Grand​-​É​tang: From the Helen Creighton Collection

by Helen Creighton Folklore Society

/
  • Streaming + Download

    Includes unlimited streaming via the free Bandcamp app, plus high-quality download in MP3, FLAC and more.
    Purchasable with gift card

      $10 CAD  or more

     

1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
Mariez-moi 01:07
13.
14.
15.
16.
17.
18.
19.
20.
21.
22.
23.
24.
25.
26.
27.
28.
29.
30.
31.
32.
Bichet 01:29
33.
34.
35.
36.
37.
Cobichon 00:18
38.
39.
40.
41.

about

Chansons acadiennes de Pubnico et Grand-Étang
Tirées de la collection Helen Creighton


Acadian songs from Pubnico and Grand-Étang
From the Helen Creighton Collection
























Helen Creighton Folklore Society
Chaire de recherche McCain en ethnologie acadienne
2008

Introduction
par Clary Croft

La Société de folklore Helen Creighton a pour mandat d’encourager et promouvoir les activités mettant en relief les diverses cultures traditionnelles des provinces Maritimes, poursuivant ainsi le travail accompli par Helen Creighton elle-même. Ce livret et disque compact constituent la seconde de la série de productions visant à diffuser les enregistrements de terrain d’Helen Creighton, accompagnés de notes explicatives.

Lorsqu’elle entreprit ses recherches en 1928, Helen Creighton avait aucune idée de l’ampleur qu’elles prendraient, ni de l’impact qu’auraient ses enquêtes dans le domaine de l’ethnologie, tant au Canada qu’à l’étranger. Elle était pourtant consciente qu’il était important de préserver les chansons, les contes, les croyances et la culture matérielle du passé. Peu importe le fait qu’elle ne comprenait pas la plupart des langues parlées par ses informateurs : le mi’kmaq, le français, l’allemand et le gaélique. Helen Creighton se voyait comme une collectrice, une femme de terrain. Elle laissait à d’autres la tâche de traduire, analyser et interpréter les documents recueillis.

Le projet actuel s’inscrit dans la continuité de l’œuvre de Creighton et c’est pourquoi nous étions heureux lorsque Ronald Labelle a accepté de rassembler le tout. Ce spécialiste des études acadiennes était la personne toute désignée pour mener le projet, ayant dirigé la publication de La fleur du rosier et ayant longtemps œuvré avec Helen Creighton elle-même. Notre Société lui est redevable pour son implication dévouée et enthousiaste dans le projet. Le fait de travailler avec lui a été un grand plaisir pour moi, personnellement.

J’ai peu à ajouter aux notes de Ronald. Il a réussi à faire ressortir le sens des précieuses chansons et histoires recueillies par Helen Creighton voilà un demi-siècle. Je peux cependant donner un aperçu des techniques d’enregistrement employées par elle. Entre 1943 et 1949, Creighton utilisait un appareil Presto Model K. Lors de chaque entrevue, elle plaçait d’abord un disque acétate vierge sur l’appareil et lançait ensuite l’enregistrement après avoir mis en place l’aiguille qui devait graver le disque. Elle devait à la fois s’occuper des contrôles et frotter la surface du disque pour y enlever les filaments de l’acétate qui se dégageaient autour de l’aiguille. C’était tout un défi! Cela explique le son ressemblant au craquement d’un feu qui s’imprègne dans chaque enregistrement. En 1949, Creighton a obtenu un magnétophone et la qualité sonore de ses enregistrements s’est beaucoup amélioré.

Helen Creighton a surtout enregistré les gens dans leurs foyers. On entend donc parfois des personnes qui encouragent les chanteurs ou encore, comme dans le cas de « Un matin je me lève », on peut entendre sonner l’horloge. Certains chanteurs aimaient battre le rythme de leurs chansons. C’est ainsi que dans « Deux beaux canards », on entend Peter Chiasson taper du pied pour s’accompagner. Dans son autobiographie (A Life in Folklore, p. 186), Creighton écrit que Peter Chiasson était le plus animé des chanteurs et aussi le amusant à regarder, contrastant avec les chanteurs anglophones qui se tenaient généralement immobiles.

La Société de folklore Helen Creighton est reconnaissante pour le support obtenu de son comité de subventions, ainsi que de l’Université de Moncton. Notre mot de remerciement le plus important s’adresse aux Acadiens qui ont partagé leurs chansons et contes avec Helen Creighton. Cette riche collection de folklore acadien n’aurait pas vu le jour sans leur collaboration bienveillante et nous ne pourrions pas alors si bien connaître et apprécier un aspect important de la culture canadienne. Un million de mercis!

Clary Croft
Président, Société de folklore Helen Creighton






Introduction
by Clary Croft
The Helen Creighton Folklore Society’s mandate is to encourage and promote work that reflects the diverse folk culture of the Maritimes as exemplified by the work begun by Dr. Helen Creighton. This CD [and booklet] is the second in a series of field recordings with accompanying notes from the folklore collection of Dr. Helen Creighton "Canada’s First Lady of Folklore".
When she began her folklore research in 1928, Helen had no idea where it would take her, nor the importance her early collecting would have on Canadian and international folklore studies. But, she instinctively knew the songs and stories, beliefs and material cultural she was saving was important. No matter that she didn’t speak or understand several of the languages spoken by the people from whom she collected: Mi’kmaq, Acadian French, German and Gaelic. Helen saw herself as a collector - the translations, analysis and further study was, for the most part, left to others.
That is why our society was thrilled when I approached Ronald Labelle with this project and he immediately offered to put together this collection of Acadian songs and stories. His previous work as editor of La fleur du rosier and his long-standing and warm relationship with Dr. Creighton [not to mention his eminence as an Acadian scholar] made him the obvious choice to head this project. The fact that he came on board eagerly and willingly is something for which our society will be forever grateful. It has been my great personal pleasure to work with Ronald on this production.
I can add little to Ronald’s notes. He has taken work begun by Helen Creighton over half a century ago and brought new meaning and life to these precious songs and stories. What I can offer is a small insight into Helen’s recording techniques.
Songs collected between 1943 and 1949 were recorded on a Presto Model K Recorder. To record a singer, Helen had to place a blank acetate disc on the recorder and, with a cutting needle in place on the blank disc, begin recording the singer while, at the same time, monitor the controls and sweep the acetate filaments produced from the recording process off the central spindle. No mean sound-engineering feat! This is why you hear sounds similar to a fire crackling when it is merely the original auxiliary noise created by the recording process. In 1949, she obtained a magnetic tape recorder and the sound quality improved greatly.
Helen most often collected from the people in their own homes. You will sometimes hear the voices of other people encouraging the singers or, as in the example of “Un matin je me lève”, you can hear the chiming of the clock. Certain singers would accompany their songs with physical rhythm sounds. In “Deux beaux canards”, sung by Peter Chiasson, you can hear him keeping time with his feet. In fact, in her autobiography, Helen wrote: "Mr. Chiasson was the most vivacious singer I had ever seen and the most fun to watch. Most Anglo-Saxon singers sit motionless except for keeping time with their feet, but every bit of Mr. Chiasson was alive, and his feet did triple duty." [ A Life in Folklore, Toronto: McGraw-Hill Ryerson, 1975, p. 186]
The Helen Creighton Folklore Society is grateful for the support received from Université de Moncton and the Helen Creighton Folklore Society Grants-in-Aid Committee.
Our final, yet most important, gratitude goes to the Acadian people who shared their songs and stories with Helen Creighton. Without their willingness to selflessly record and explain this rich collection of Acadian folklore, our knowledge and appreciation of a part of Canadian culture might be lost forever. Un million de mercis.
Clary Croft
President, Helen Creighton Folklore Society





Extraits de l’introduction de La fleur du rosier (1988)
par Helen Creighton,

C'est après avoir recueilli de la musique folklorique en Nouvelle-Ecosse pendant seize ans que je me décidai à visiter le Cap-Breton en 1944. A cette époque-là j'avais ma première machine à enregistrer, une machine Presto énorme avec des disques d'acétate. Les magnétophones n'arrivèrent que plus tard. La Bibliothèque du Congrès à Washington m'avait prêté la Presto et mes dépenses étaient payées par la Fondation Rockefeller. C'est à l'école de Petit-Étang que pour la première fois j'ai rencontré des Acadiens, les habitants français des provinces Maritimes. Ni les professeurs ni les élèves n'avaient jamais vu un appareil Presto et les enfants, en entendant leurs propres voix et celles de leurs professeurs sur les disques, ont éclaté de rire.
Mais c'est au cours de la soirée que j'ai recueilli les meilleures chansons de ce coin du Cap-Breton. On m'avait invitée à me rendre chez Moïse Chiasson à Grand-Étang. Il nous a reçues, ma compagne et moi, avec plaisir, mais il était en train de peindre sa cuisine. Or, quand j'ai parlé du Tom Doucette, qui habitait le village voisin de Saint-Joseph-du-Moine, il m'a proposé de lui rendre visite et de revenir plus tard avec lui pour chanter. Avec son sens de l'hospitalité habituel il nous a dit, "La maison est à vous", signifiant par là que je pouvais amener d'autres chanteurs si j'en trouvais. Monsieur Doucette, qui avait soixante-huit ans à cette époque, était ravi et, quand je lui ai proposé de prendre sa photo, il nous a conduites au quai des pêcheurs pour avoir le fonds authentique. Même le son de sa voix, enregistrée sur un disque, ne lui a pas donné autant de plaisir que la photo. Les hommes aiment poser.

Peter Chiasson était un autre chanteur que je considère comme un véritable trésor. Même s'il était plus jeune que les deux autres, il connaissait beaucoup de chansons. Monsieur Moïse Chiasson avait averti ses voisins de ce qui se passerait et, à notre arrivée ce soir-là, on voyait des visages curieux à toutes les fenêtres. Ils se rassemblèrent dans la petite cuisine pour chanter et bientôt elle était bondée de vingt-cinq ou trente personnes, et de plus, une quinzaine se tenaient debout dehors. Pendant l'enregistrement, ils gardaient un silence profond - c'était un événement nouveau et sans précédent dans leur vie.

Chaque chanteur avait un trait caractéristique. Pour l'occasion, Tom Doucette s'était habillé avec un soin particulier. Il finissait toujours ses phrases par "pauvre type" au lieu d'un soupir ou d'un "tant pis". Peter Chiasson avait apporté de la bière mais il ne me permit pas de payer. Moïse Chiasson introduisait chaque chanson par quelques mots. Il avait amené plusieurs chanteurs et je craignais que mes réserves de disques ne suffisent pas. Tout le monde s'est bien amusé; moi, j'ai rempli jusqu'au moindre espace sur mes disques. J'ai été contente de travailler dans ce petit village de pêcheurs et de paysans où je me sentais bien à l'aise parmi les habitants à qui j'avais offert un divertissement d'un nouveau genre.

En 1957, je suis retournée à Grand-Étang avec une équipe de l'Office National du Film qui voulait y filmer une foulerie. La foulerie a lieu le soir quand les gens s'assemblent pour fouler l'étoffe récemment tissée. Chez les Écossais, on s'assoit autour de la table, un soliste chante les strophes et les autres scandent les refrains. Chez les Acadiens par contre, le foulage est fait debout par seize hommes et c'est un autre groupe qui chante, quoique pour cette occasion tout le monde a chanté. On peut voir la foulerie avec Peter Chiasson et ses amis dans le film intitulé, Songs of Nova Scotia, de l'Office National du Film. Ce furent mes seules visites là-bas. Une grande partie du Cap-Breton a été couverte par les chercheurs du Musée National et de l'Université Laval. Si le français avait été ma langue maternelle, j'y serais sans doute retournée maintes fois.

En ce qui concerne Grand-Étang, C. Bruce Fergusson dans son Livre, Place Names and Places in Nova Scotia, écrit qu'un certain Simon Doucet, né à l'Île-du-Prince-Édouard, arriva au Cap-Breton en 1790 et, en 1807, il adressa une pétition pour obtenir des terres. Les Chiasson et les Aucoin, noms d'autres chanteurs dans ce livre, étaient parmi les premiers colons de Grand-Étang. D'après le Père Anselme Chiasson (Chéticamp, histoire et traditions acadiennes), les Français avaient eu des établissements temporaires dans la région de Chéticamp et de Petit-Etang dès le début du XVIIIe siècle, avant l'expulsion des Acadiens. Les premiers habitants permanents ne sont cependant arrivés que pendant les années 1780. Il s'agissait alors de colons qui avaient été déportés de l'île Saint-Jean (I.-P.-É.) ou du Cap-Breton en 1758, et qui revenaient d'un long exil passé en partie en France, et aussi sur les îles Saint-Pierre et Miquelon.

En 1947 j'ai fait une brève visite au village de Pubnico-ouest sur la côte sud-ouest de la Nouvelle-Ecosse et j'y suis revenue en 1948. Selon mon information, la colonie permanente la plus ancienne de toutes les colonies acadiennes est Pubnico. Pubnico a été fondé en 1651 et, sauf pour une période d'exil de huit ou dix ans, a été habité par les mêmes familles. C'est une communauté de pêcheurs. C'est un endroit isolé, mais l'amélioration des routes et de la situation économique a changé cela.

Madame Laure McNeil, née Pothier, aimait le folklore et était enchantée de rencontrer une autre personne qui partageait son intérêt. On peut attribuer la plupart des chansons, recueillies des habitants âgés, aux premiers colons, ce qui veut dire qu'elles ont survécu pendant trois cents ans. On me les a offertes de plein gré. Je me servais d'un autre appareil d'enregistrement Presto prêté par la Bibliothèque du Congrès et j'étais employée par le Musée National à Ottawa pour collectionner et enregistrer le folklore dans les provinces Maritimes. C'était un projet conjoint.
En contraste avec le reste des provinces Maritimes, ici c'étaient les femmes qui chantaient. Bien sûr, les hommes chantaient aussi, mais c'était la saison de pêche et beaucoup étaient en haute mer. Un autre contraste notable, c'était l'abondance de contes. Ils aimaient les danses carrées accompagnées au piano, au violon ou à l'accordéon. L'ambiance était telle que le travail était un vrai plaisir.

Pubnico a célébré son tricentenaire en 1951 et j'y suis allée leur exprimer mon appréciation pour leur aide. Un soir, ils ont monté un spectacle historique sur les événements de leur passé. La plupart des participants n'avaient jamais vu un tel spectacle. La pièce était bien écrite, la narration entre les actes lue en français et en anglais, et, comme accessoires, ils se sont servis de leurs trésors familiaux. Les visiteurs des communautés voisines leur enviaient la connaissance intime de leur patrimoine. Quand ils se réclament descendants du Baron d'Entremont, leur ancêtre, personne ne peut les accuser de prétention parce que presque tout le monde descend des d'Entremont. Au moment du tricentenaire, soixante-dix familles étaient établies à Pubnico-est et environ trois cent cinquante à Pubnico-ouest. L'idylle de Natalie et Lange Amirault est une des légendes de Pubnico et on croit que presque tous les Amirault de Pubnico sont des descendants de ce couple. Madame Louis Amirault et Madame Séphora Amirault ont été deux de mes meilleures informatrices.

Il paraît que le nom de Pubnico est dérivé d'un nom indien "Pogomkook", signifiant "le pays qu'on a défriché pour la culture''. Les français l'ont épelé Pomboncoup, devenu Pombcoup, un nom employé encore par beaucoup d'Acadiens. L'expulsion de ce malheureux peuple, appelée le Grand Dérangement par les Acadiens, a commencé en 1755, mais les habitants de Pubnico, installés là depuis 1651, ne furent déportés qu'en 1758 et pas plus loin qu'à la Nouvelle-Angleterre. Après le traité de Paris en 1763, ils ont obtenu la permission de rentrer et huit familles ont fondé les deux villages acadiens de Pubnico-est et Pubnico-ouest. Donc, sauf pour un exil de courte durée, des familles descendant des premiers colons ont occupé ces terres sans interruption. Apportées il y a si longtemps et transmises oralement avec peu de changements, leurs chansons folkloriques sont parmi les plus importantes de ce recueil.





Excerpts from the introduction to La fleur du rosier (1988)
By Helen Creighton

I had been collecting folk music in Nova Scotia for sixteen years when in 1944 I decided to visit Cape Breton. I had my first recording equipment then, a huge Presto machine with acetate discs. Tape recorders came later. This was on loan from the Library of Congress in Washington and my expenses were paid by the Rockefeller Foundation. The first Acadians I visited were at the Petit-Étang school. Neither teachers nor pupils had seen such a device before and when the children heard their own and their teachers' voices played back, there was much laughter and merriment.

The most important contribution from that part of the Island came in the evening. I had been directed to the home of Moses Chiasson at Grand-Étang who welcomed me and my companion warmly, but he was busy painting the kitchen. When I mentioned Tom Doucet in the neighbouring village of St. Joseph-du-Moine, he suggested that I visit him and they would sing together at the Chiasson home later on. As he expressed it with typical hospitality, "The house is yours," meaning that if I found other singers I could bring them along. Mr. Doucet who was sixty-eight at that time was delighted, and when I suggested taking his picture he led us to the fish wharf for a good background effect, and not even hearing himself on a record could have pleased him more. Men do love to have their picture taken.

Peter Chiasson was another hopeful and indeed he was a treasure. He was younger than the other two and knew many songs. Mr. Moses Chiasson had told his neighbours what was happening and when we drove up that evening there were eager curious faces at all the windows. Then they arrived for the singing, and soon the little kitchen held twenty-five or thirty people, and some fifteen more standing outside. But they kept perfectly quiet during the recording, an entirely new and unheard of adventure in their lives.

Each singer was an interesting character. Tom Doucet dressed in his best clothes for the occasion and finished each phrase that you or I might end with a sigh or "oh dear", with "Poor Fella". Peter Chiasson brought along a little beer and wouldn't hear of letting me pay for it, and Moses Chiasson prefaced each song with a short speech. He had found a few other singers and my only problem was that I was running out of blank discs. Everybody had a grand time and I filled every possible space on all the discs on hand. I was glad to work in this small fishing and farming village where I felt close to the people and where I could bring them such a novel form of entertainment.

In 1957 I returned to Grand-Étang with a crew from the National Film Board who wanted to photograph a French Milling Frolic, known as une foulerie. This was an evening when local people met to shrink newly woven cloth. Unlike the Scots who sit around a table with a soloist to sing the verses while all join in the chorus, the milling here was done by sixteen men who stood. Singing was done by a group off to one side, although for this occasion everybody sang. The milling with Peter Chiasson and his friends may be seen on the National Film Board's Songs of Nova Scotia. These were my only visits here. Much of this part of Cape Breton has been covered since by collectors from the National Museum and Laval University. Had French been my native language I would no doubt have returned many times.

As far as Grand-Étang is concerned, we know from C. Bruce Fergusson's Place Names and Places in Nova Scotia that a Simon Doucet, born in Prince Edward Island, arrived in Cape Breton in 1790 and in 1807 petitioned for land here. Chiasson and Aucoin, names of other singers in this book were also among the early settlers of Grand-Étang. According to Father Anselme Chiasson (Chéticamp, histoire et traditions acadiennes, p. 29-30), in the early 18th century, before the Acadian expulsion, the French had temporary settlements around Chéticamp and Petit-Étang, but the area was only settled permanently during the 1780s. Most of the settlers had been deported from Île Saint-Jean (P.E.I.) or Cape Breton in 1758, and were returning from a long exile spent partly in France and then on the islands of Saint-Pierre and Miquelon.

It was another happy day when my car nosed its way into the village of West Pubnico on Nova Scotia's south western shore. It was 1947 when I made a brief survey and I returned again in 1948. I had been advised that of all the Acadian settlements, Pubnico was the oldest continuing one. It was founded in 1651, and with the exception of an eight or ten year exile, it has been inhabited by the same families ever since. This is another fairly isolated fishing community although not so much now as it has paved roads and increased prosperity.

Mrs. Laura McNeil, née Pothier, loved everything about folklore and was delighted to have someone to share it with. Nearly all the songs I collected here from the old people had come over with the early settlers, which meant they had survived for three hundred years. They were given willingly. By then I had another Presto recording machine from the Library of Congress, and I now worked on the staff of the National Museum in Ottawa to collect and record folklore in the Maritime Provinces. This was a joint venture. Here, in contrast to the rest of the Maritimes, it was the women who sang. Men probably sang too, but it was the busy fishing season and many were away. Also in contrast, it was a rich field for folk tales. They did square dancing, accompanied by the piano, fiddle and accordion. It was the most serene settlement I have ever worked in and always a joy to visit.

In 1951 they had their tercentenary celebration and I went down to show appreciation for all they had done for me. One evening they staged a pageant, tracing events in their own history. Most participants had never seen a pageant, but the story was well written. The narration between the acts was read in French and English, and many of their own treasured artefacts were used. Visitors from adjacent communities looked with envy on their neighbours who know so much about their own history, and when Baron d'Entremont was referred to as their ancestor, no one could accuse them of "putting on airs" because practically everybody was a d'Entremont descendant.

At the time of the tercentenary celebration there were seventy families in East Pubnico, and West Pubnico had approximately three hundred and fifty. The romance of Natalie Belliveau and Lange Amirault is one of the legends of Pubnico, and it is thought that most of the Amiraults living there now are descended from this couple. Mrs. Louis Amirault and Mrs. Sephora Amirault were among my best informants.

The name Pubnico seems to have been derived from an Indian name Pogomkook which means "land from which the trees have been cleared for farming". The French spelled it "Pomboncoup". It was later shortened to "Pombcoup" which many Acadians still use. The deportation of these unfortunate people began in 1755, but those Pubniconians who had lived there since 1651 were not removed until 1758 and were even then not carried further than the New England States. After the Treaty of Paris in 1763, they obtained permission to return, and the eight families who came back laid the foundation of the two Acadian villages, East and West Pubnico. Thus with the exception of their short exile, families of the original settlers have lived here continuously. Their songs and folk tales brought here so long ago have been passed on through oral transmission with little change, and must be the most important in this collection.



Helen Creighton et la chanson traditionnelle acadienne
par Ronald Labelle

La richesse du folklore musical acadien n'est pas à démontrer: les folkloristes la reconnaissent depuis longtemps. Les 11 séries de Chansons d'Acadie, publiées par les R.P. Anselme Chiasson et Daniel Boudreau, ont d’ailleurs permis de faire connaître une part importante du patrimoine musical acadien. En 1988, j’ai eu l’honneur de collaborer à la publication de La fleur du rosier, un recueil de 123 chansons tirées de la collection d’Helen Creighton. Cette collection était unique, car elle présentait beaucoup de chansons acadiennes enregistrées pendant les années 1940 et 1950, une époque où peu de régions des Maritimes recevaient la visite de folkloristes équipés de magnétophones. C’était une époque où des styles musicaux très variés existaient simultanément en Acadie. Les anciennes chansons traditionnelles étaient toujours interprétées, mais des nouvelles formes musicales comme le Country & Western arrivaient par le biais de la radio et la guitare faisait son apparition un peu partout.

Helen Creighton a constaté la transformation rapide que connaissait la musique dans les provinces Maritimes dûe aux nouvelles influences, et elle a cherché à documenter le répertoire des chanteurs traditionnels avant qu’il ne soit trop tard. Sa grande collection a fait l’objet de plusieurs recueils dont La fleur du rosier était le dernier. Ce livre a rendu disponibles les paroles et mélodies des chants acadiens recueillis par Creighton, mais il est difficile, dans un recueil imprimé, de transmettre les procédés stylistiques particulières à la chanson traditionnelle. C’est pourquoi nous avons décidé, en collaboration avec le Helen Creighton Folklore Society, de produire un coffret contenant une sélection de chansons sur disque compact. Le public pourra donc enfin les apprécier à leur pleine valeur et les musiciens acadiens pourront mieux les faire revivre.

Les chansons sur ce disque nous font découvrir à quel point le répertoire de la chanson folklorique acadienne est varié. On y retrouve des petites chansons légères toutes délicates et aussi de longues chansons tragiques remplies de mélancolie et de tristesse. Nous devons beaucoup de reconnaissance à la regrettée Helen Creighton pour avoir saisi l'importance de la chanson folklorique acadienne à une époque où ses travaux étaient principalement orientés vers l'étude des traditions des groupes culturels anglophones dans les provinces Maritimes.

La région de Chéticamp, au Cap-Breton, a été amplement documentée par le père Anselme Chiasson, mais Helen Creighton a eu le mérite d’enregistrer des chanteurs vivant à Grand-Étang, dans la partie sud du district, où les enquêtes folkloriques ont été peu nombreuses.
Tout comme à Pubnico, les chanteurs qu’Helen Creighton a rencontrés à Grand-Étang possédaient aussi un répertoire peu commun. Des chansons comme "La complainte de Louisbourg" et "Le vieux cheval gris" sont à peu près inconnues ailleurs que dans cette région. À Grand-Étang, Helen Creighton a enregistré uniquement des hommes et non des femmes comme à Pubnico. D’où la présence de chansons sur les départs des marins et aussi de chansons à boire.

Les enquêtes d’Helen Creighton dans les deux régions se distinguent aussi d’une autre façon. À Pubnico, elle a développé une amitié avec ses informatrices et en particulier avec Laure Irène McNeil, avec qui elle a entretenu une longue correspondance. Les relations de Creighton avec ses informateurs masculins étaient généralement plus réservées et après une brève visite initiale à Grand-Étang en 1944, elle n’y est retournée que deux fois, d’abord en 1954 et enfin avec une équipe de l’Office National du Film en 1957. La plupart des chansons recueillies à cet endroit ont été enregistrées en une seule journée, soit le 6 juin 1944.

Les carnets d’enquête de Helen Creighton nous fournissent une image fidèle du déroulement de ses enquêtes au Cap-Breton. Elle s’est d’abord présentée chez Alexandre Boudreau, sachant qu’il possédait un répertoire de chansons, mais comme il était très occupé en tant qu’inspecteur des pêcheries, elle a dû rechercher d’autres chanteurs. C’est ainsi qu’elle a abouti chez Moïse Chiasson à Grand-Étang. Ce dernier a surtout servi d’hôte pour la séance d’enregistrement. Peu après l’arrivée d’Helen Creighton chez lui, on a passé le mot à Grand-Étang au sujet de la dame en quête de chansons. Tous les chanteurs des environs s’y sont rendus et la veillée s’est poursuivi jusqu’à tard dans la soirée. Creighton était extrêmement heureuse des résultats. Elle remarque dans son carnet d’enquêtes : « A grand field for French songs. Evidently, this is the part of the province to find them ».

Peter Chiasson (1902-1982) était le plus prolifique des chanteurs enregistrés à Grand-Étang et sept de ses chansons sont présentées ici. Il a été baptisé Pierre Joseph Chiasson, mais il semble qu’on l’a toujours appelé « Peter ». Il avait 41 ans lorsqu’Helen Creighton le rencontra en juin 1944 et était donc plus jeune que la plupart des chanteurs. C’est lui qu’elle est retournée enregistrer, d’abord en 1954 et enfin en 1957, dans le cadre du tournage d’un film de l’ONF documentant sa carrière de folkloriste. Une des scènes filmées présente Peter Chiasson et plusieurs villageois lors d’une « foulerie », une veillée traditionnelle où un groupe de gens se rassemblait pour fouler l’étoffe de laine. Placés autour d’une grande table, les participants chantaient pour scander le rythme du travail, tout en tenant une grande bande d’étoffe trempée qu’ils frappaient sur la table. Les carnets d’enquête d’Helen Creighton témoignent de son admiration pour la façon de chanter de Peter Chiasson : « Peter Chiasson was a character to watch, for he swung his hands with the music back and forth, and his little moustache bristled with delight ».

À Grand-Étang, on se souvient bien de Peter Chiasson, qui animait jadis les veillées par ses talents de chanteur, violoneux et raconteur. Moïse Poirier, un des fils du chanteur Léo Poirier, se rappelle que Peter Chiasson jouait régulièrement du violon lors des veillées de danse qui avaient lieu chez eux. Léopold Chiasson, fils de Peter, rapporte que pendant sa jeunesse dans les années 1950 et 1960, la maison Chiasson était un lieu de rencontres sociales, ou comme il le dit, c’était « la maison du fun ».

L’automne et l’hiver avaient lieu des fouleries et aussi d’autres travaux collectifs, par exemple les « bûcheries », où les hommes se rassemblaient pour couper le bois de chauffage nécessaire à chaque famille de la localité. Ces travaux se terminaient souvent par une soirée chez les Chiasson, où alternaient chansons et danses, le tout arrosé de bière de fabrication domestique. Des veillées de musique et de danse avaient aussi lieu dans toutes les localités acadiennes de la région lors de la Chandeleur, le 2 février et à la mi-carême, les jours débutant le troisième jeudi du carême. L’été, les veillées étaient moins nombreuses, car la vie était remplie par les travaux reliés à la pêche et l’agriculture. Les visites d’Helen Creighton en juin 1944 et en juillet 1954 ont donc servi de prétextes à l’organisation de soirées musicales spéciales.

Thomas ou « Tom » Doucet (1877-1956) est le doyen des informateurs d’Helen Creighton. Lors du passage d’Helen Creighton à Grand-Étang en 1944, il demeurait dans le village voisin de Saint-Joseph-du-Moine. Il était l’oncle de Peter Chiasson et un bon ami de Moïse Chiasson. Il a participé de façon enthousiaste à la veillée musicale chez ce dernier et a interprété six chansons retenues ici. Helen Creighton a noté que Tom Doucet parlait non seulement français et anglais, mais qu’il connaissait aussi le gaélique, langue dans laquelle il pouvait même chanter. Cette remarque est importante, car on sait que dans le domaine musical, les contacts culturels entre les Acadiens de la région de Chéticamp et les habitants de descendance écossaise au Cap-Breton ont été importants, mais on pourrait supposer que la langue commune de communication entre les deux groupes était toujours l’anglais, ce qui n’est évidemment pas le cas.

Les deux autres chanteurs de Grand-Étang représentés ici, Léo Poirier (1888-1971) et Pat Aucoin (1894-1984), étaient amis et voisins, Ils se retrouvaient souvent lors des veillées musicales. On se rappelle de Léo Poirier comme un farceur qui aimait les chansons humoristiques. Il se rendait souvent chez ses voisins les Aucoin, où les veillées attiraient les musiciens et chanteurs des environs, grâce en partie à la présence de boisson de fabrication domestique. On buvait soit de la bière de prusse que l’on surnommait « bière de parc à vaches » ou de la boisson forte que l’on appelait « bush ».

En plus d’être hôte de veillées musicales à divers moments de l’année, Pat Aucoin accueillait chez lui tous les gens de son voisinage lors de la fête traditionnelle de la Chandeleur, le 2 février. Sa fille Stella Chiasson se rappelle qu’il servait de chef des coureurs de la Chandeleur. Dans chacun des quatre districts de la paroisse de Saint-Joseph-du-Moine, un groupe d’hommes passaient aux maisons avant le 2 février, demandant aux gens de fournir de la nourriture pour la fête qui se déroulait le soir dans une maison. Le chef portait un grand chapeau noir décoré de rubans et aussi une canne à laquelle étaient aussi fixés des rubans. Pat Aucoin, en tant que chef, entamait la chanson de « L’Escaouette » lorsque la bande de coureurs arrivait à chaque maison et il chantait aussi un chant de remerciement lors de leur départ. Sa fille Stella pense qu’il avait peut-être été invité à être chef des coureurs de la Chandeleur à cause de son talent de chanteur. Elle dit qu’il jouait aussi un rôle prédominant lors des fouleries, où deux chanteurs se plaçaient aux extrémités d’une grande table afin de mener le chant qui accompagnait les gestes des participants.

La musique a toujours été importante dans les foyers acadiens du Cap-Breton, mais avec transformations musicales du XXe siècle, les nouvelles générations n’ont généralement pas retenu les chansons de leurs aïeux. Un des fils de Pat Aucoin, que l’on nommait Léo à Pat, a toutefois continué la tradition héritée de son père et des autres chanteurs du passé. Son répertoire a été enregistré en entier par la radio communautaire de Chéticamp et un disque compact de ses chansons a été produit en 2002. Il a même été invité à chanter lors de la semaine culturelle acadienne dans le cadre de l’Expo 86 à Vancouver. Léo à Pat est malheureusement décédé en 2008, mais il a beaucoup contribué à maintenir une appréciation des chansons traditionnelles acadiennes de son père Pat Aucoin et des autres chanteurs de Grand-Étang.

On peut se demander pourquoi Helen Creighton n’a pas poursuivi ses enquêtes à Grand-Étang après sa première visite en juin 1944, bien que les chanteurs enregistrés l’aient grandement impressionné. Ses carnets d’enquête nous démontrent qu’elle ne se sentait pas très à l’aise en milieu francophone quand elle n’était pas accompagnée de quelqu’un qui pouvait servir d’interprète. Elle était particulièrement frustrée lorsqu’elle assistait à des rencontres sociales où elle ne pouvait pas suivre les conversations. Cela explique peut-être pourquoi ses enquêtes auprès de la population acadienne de Pubnico ont été plus approfondies que celles de Grand-Étang. Dans ses notes concernant Pubnico, elle exprime souvent son regret de ne pas comprendre le français, mais les informatrices avec lesquelles elle y a maintenu des contacts soutenus étaient quand même bilingues.

Helen Creighton était particulièrement attirée par la région de Pubnico. Elle écrit en effet que nul part ailleurs en Nouvelle-Écosse elle avait rencontré une population aussi accueillante. Sa description de Pubnico contenue dans l’Introduction de La fleur du rosier, « the most serene settlement I have ever worked in », en dit long sur son attachement pour ce petit coin de l’Acadie. Après sa première visite dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse en 1947, elle avait pourtant écrit avec découragement qu’on n’y trouvait que des miettes de l’ancienne tradition chantée. Mais tout changea lorsqu’elle commença ses enquêtes auprès de Laure Irène McNeil et sa mère Hermance Pothier à Punico-Ouest. Creighton passera un mois complet dans la région pendant l’été 1948, enregistrant chansons et contes. Suite à une des enquêtes auprès des femmes de Pubnico, elle écrit dans son carnet d’enquête : « There is quite a dignity about these old people, and a great kindness ».

La série d’enquêtes folkloriques entreprise en 1948 à Pubnico est particulièrement importante car il s’agit d’une des régions acadiennes à avoir été étudié le moins par les folkloristes. Plusieurs des chansons recueillies par Helen Creighton à Pubnico sont rares. Citons par exemple « Le cotillon lavé » et « La mort de la Dauphine ». Étant donné que Creighton a uniquement interviewé des femmes à Pubnico, la collection contient beaucoup de chansons qui s'adressaient surtout à des enfants, comme « Biquette », et « Le petit bossu », en plus de très belles berceuses comme « Dors le petit bébé » et « Berce ton petit bébé », sans mentionner les chansons brèves qui s'intègrent dans des contes populaires. Les chansons brèves ou enfantines sont rarement présentées dans des recueils folkloriques et celles de Pubnico valent certainement la peine d’être mieux connues.

Le conte intitulé  « Les trois graines de pimprenelle » est inclus dans le présent recueil dans le but de refléter la riche tradition de contes traditionnels que possédait Pubnico à l’époque des enquêtes d’Helen Creighton. Entre 1937 et 1940, un total de 17 contes de Pubnico avaient été publiés dans le journal acadien de la Nouvelle-Écosse, Le Petit Courrier et ils ont vite attiré l’attention de spécialistes comme Luc Lacourcière, de l’Université Laval et Geneviève Massignon, de France. Cette dernière s’est d’ailleurs rendue à Pubnico pour rencontrer Laure Irène McNeil en 1946. Helen Creighton a repris le travail avec Laure Irène McNeil en 1948 et cette dernière lui a non seulement raconté ses contes, mais elle les a rédigé par écrit pour ensuite les traduire en anglais, afin qu’Helen Creighton puisse analyser leur contenu. La correspondance entre les deux femmes s’est poursuivie jusqu’aux années 1960 et les lettres conservées par les Archives de la Nouvelle-Écosse (NSARM) démontrent du grand intérêt qu’avait Creighton pour les contes acadiens de Pubnico. Creighton écrit que Madame McNeil pouvait accomplir l’impossible quand quelqu’un venait s’intéresser à ses contes et chansons tant aimés (voir A Folk Tale Journey, 1993, p. 79).

La correspondance et les notes d’enquêtes d’Helen Creighton nous fournissent un portrait de la région de Pubnico pendant les années d’après-guerre, une période de grandes transformations, où la communauté sortait rapidement de son isolation. Avec le temps, les routes ont été asphaltées et la télévision a fait son apparition dans le district. En juin 1956, Creighton écrit : « English is certainly creeping in here in everything ». Elle qui avait d’abord été soulagée d’apprendre que beaucoup d’Acadiens de Pubnico comprenaient l’anglais, avait fini par regretter les effets de l’anglicisation sur la culture locale.

Parmi les cinq chanteuses de Pubnico qui sont représentées sur ce disque, c’est Madame Hermance Pothier que l’on entend le plus souvent. Participant à 10 des 22 chansons. Hermance Pothier (1863-1950) était la mère de Laure Irène McNeil. Elle était âgée de 85 ans lorsqu’Helen Creighton l’a enregistrée en 1948. Dans les notes biographiques qu’elle a rédigées, Creighton écrit qu’elle s’est considérée chanceuse d’avoir été à Pubnico quand Madame Pothier vivait encore. À propos d’Hermance Pothier et sa fille Laure Irène, elle écrit : “They helped one another to remember so that over fifty songs and twenty folk tales were recorded from this community.”

Laure Irène (Pothier) McNeil (1896-1969) a été la fidèle collaboratrice d’Helen Creighton tout au long de ses enquêtes à Pubnico. Dès sa première rencontre avec elle en 1947,Creighton écrit : « She knows her Pubnicos and she knows her folklore, and she is far and away the best informant down there. » Devenue une amie de Creighton, Madame McNeil lui offrait souvent un logement lors de ses visites à Pubnico. Elle accompagnait souvent Helen Creighton lors des enquêtes auprès des autres informatrices et elle aidait les autres femmes à se rappeler leurs chansons et contes, en plus d’agir comme traductrice au besoin. Une institutrice qui avait hérité du répertoire de contes et de chansons de sa mère, Laure Irène McNeil se donnait comme mission de préserver et transmettre les traditions orales acadiennes de Pubnico.

Deux des femmes enregistrées par Helen Creighton ont chanté le plus souvent en duo : Madame Séphora Amirault, née D’Éon (1881-1955) et Madame Marguerite ou « Maggie » Amirault, née D’Éon (1874-1963). Séphora Amirault était mère de 12 enfants et à Pubnico, on se rappelle encore qu’on entendait toujours de la musique chez elle. Helen Creighton écrit que Séphora et Maggie Amirault n’avaient jamais chanté ensemble auparavant, mais qu’elles réussissaient à garder le même ton sans difficulté. Dans certains cas, les deux chanteuses formaient un trio avec Hermance Pothier. Creighton note qu’elle aurait aimé photographier les trois vieilles femmes assises autour du microphone, chantant de tout cœur. On peut supposer que les femmes ont choisi de chanter ensemble pour réduire leur nervosité devant le microphone. Une dernière informatrice, Madame Marie Hélène Pothier, née D’Éon était la belle-sœur de Laure Irène McNeil. Une seule de ses chansons est présentée ici, mais elle a aussi chanté plusieurs complaintes qui peuvent être consultées dans La fleur du rosier.

Le disque compact se termine avec l’air de « La complainte du Juif errant » interprété au violon par Hilaire Pothier (1897-1996), accompagné au piano par sa sœur Laure Irène McNeil. Ce morceau reflète la présence d’une longue tradition de musique instrumentale. Aujourd’hui, la tradition du violon se maintient très bien à certains endroits comme au Cap-Breton, mais on trouvait jadis des violoneux dans toutes les régions acadiennes des Maritimes, y compris Pubnico.

Avant de conclure, il est utile de mentionner que la plupart des sources consultées lors de mon étude des chansons se trouvent au Centre d’études acadiennes de l’Université de Moncton, où les chercheurs ont accès non seulement à des archives de folklore bien organisées, mais aussi à une bibliothèque spécialisée. L’information biographique au sujet des chanteurs que l’on entend sur le disque compact provient surtout des enquêtes que j’ai menées à Grand-Étang en juin 2008 et aussi du fonds Helen Creighton conservé aux Archives de la Nouvelle-Écosse (NSARM) à Halifax. Les principales sources archivistiques consultées portent les références MG-1, vol. 2830 et MG-1, vol. 2805.

Mes remerciements s’adressent à Clary Croft, qui a facilité le repérage des sources archivistiques et qui a rendu ce projet possible grâce à son travail dévoué au sein du Helen Creighton Folklore Society. Merci à Léandre Bourgeois, qui nous a prêté son expertise en tant qu’informaticien et musicien afin d’atteindre la meilleure qualité sonore possible dans la production du disque compact. Merci aussi à Carmen D’Entremont, pour son aide précieuse dans le cueillette de renseignements au sujet des chanteuses de Pubnico, ainsi qu’à Jean-Pierre Pichette, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’oralité des francophones (COFRAM) à l’Université Sainte-Anne, qui nous a offert sa collaboration et son support. Un remerciement s’adresse enfin aux personnes de Grand-Étang et de Chéticamp qui ont accepté de répondre à mes questions, ainsi qu’à Charlie Dan Roach, du Centre culturel Les Trois Pignons à Chéticamp et à la professeure Barbara Le Blanc, de l’Université Sainte-Anne, qui m’ont aidé et encouragé lors des enquêtes à Grand-Étang.

Ronald Labelle
Chaire de recherche McCain en ethnologie acadienne




Helen Creighton and the Acadian song tradition
by Ronald Labelle

Folklorists have long recognized and praised the richness of traditional Acadian music. The 11 volume series by Fathers Anselme Chiasson and Daniel Boudreau entitled Chansons d'Acadie were instrumental in making known an important part of the Acadian song heritage. In 1988, I had the honour to participate in the publication of La fleur du rosier, a collection of 123 songs from Helen Creighton’s collection. This book added a unique collection of Acadian songs to those already made available by Fathers Anselme and Daniel. It included many songs recorded in the 1940s and 1950s in Acadian villages that hadn’t yet been visited by folklorists equipped with tape recorders. This was a time when new musical currents were arriving in Acadie, especially through the influence of radio, and while the traditional songs were still being sung, Country & Western tunes with guitar accompaniment were becoming popular.

Helen Creighton understood how musical styles were evolving in the Maritimes, and took on a mission to preserve the repertoire of traditional singers before it was too late. La fleur du rosier was the last of her many collections of songs in print. While the book provided access to the words and melodies of many beautiful Acadian traditional songs, a printed collection cannot adequately present the singing styles associated with the genre. That is why I am happy the Helen Creighton Folklore Society was interested in producing a booklet including a CD with a selection of songs from the collection. It will now be possible not only to appreciate these songs as they were traditionally performed, but also to sing them again in an authentic style.

The songs included on the CD give an excellent indication of the varied nature of Acadian folk song. On the one hand, there are some gaily sung melodies with light-hearted lyrics and on the other, some ancient and tragic ballads sung with serious emotion. Acadians are indeed lucky that Helen Creighton recognized the importance of documenting the Acadian song tradition. At a time when she had ample work in collecting the traditions of English-speaking Maritimers, she could easily have decided to leave Acadian folklore to Francophone researchers.

The Chéticamp area in Cape Breton was thoroughly studied by Father Anselme Chiasson, but Helen Creighton found singers living in Grand-Étang, south of the village of Chéticamp, whose songs hadn’t yet been collected. Some of the songs recorded in Grand-Étang are very rare. As is the case in Pubnico, the singers of Grand-Étang had a repertoire of rare and beautiful songs, such as "La complainte de Louisbourg" and "Le vieux cheval gris". Unlike in Pubnico, however, the singers from Grand-Étang were all men, and their repertoire included many drinking songs, as well as sad ballads about sailors leaving their loved ones.

The fieldwork carried out by Helen Creighton in the two areas unfolded in quite a different way. She developed strong ties to Pubnico, becoming a close friend of her main informant, Laure Irène McNeil, whom she referred to as Laura McNeil, and with whom she maintained a correspondence for many years. Helen Creighton tended to maintain a more formal working relationship with her male informants, and didn’t stay in touch with the singers she recorded in Grand-Étang. Most of the songs from that community were recorded in a single day, on June 6th 1944, and she only returned there twice, once in 1954 and again in 1957, when she visited Grand-Étang with a National Film Board crew.

Creighton’s field notes show us quite clearly how the Grand-Étang recordings came about. She first visited Alexandre Boudreau, who was then fisheries inspector for the Chéticamp area. Seeing how busy he was, she set out to find other singers, and ended up at the home of Moïse Chiasson in Grand-Étang. He welcomed her to use his house for her recording sessions, and word soon got around Grand-Étang that a woman was looking for singers of old French songs. Chiasson’s house filled up quickly and a long evening of songs got under way. Helen Creighton was extremely pleased with the results, and wrote in her field notes: « A grand field for French songs. Evidently, this is the part of the province to find them ».

Peter Chiasson (1902-1982) was the most prolific singer recorded in Grand-Étang, and 7 of his songs are presented here. When Helen Creighton recorded him in June 1944, he was younger than most of her informants at 41 years of age. Though he was named “Pierre” at birth, it seems everyone called him Peter. He was the singer Creighton returned to visit in 1954 and later in 1957, when a film was being made about her career as folklorist. One of the scenes presents Peter Chiasson and neighbours performing a milling frolic, a traditional event where a group of people gathered around a table to “full” the wool that was later to be woven or knitted. The participants would sing to accompany their rhythmic movements, as a long band of soaked wool was passed form hand to hand, and beaten on the wooden table. Helen Creighton’s field notes show how much she admired Peter Chiasson’s singing style: « Peter Chiasson was a character to watch, for he swung his hands with the music back and forth, and his little moustache bristled with delight ».

Chiasson is well remembered in Grand-Étang, where he played a central role in social gatherings as a fiddler, singer and storyteller. Moïse Poirier, son of singer Léo Poirier, remembers that Chiasson was a regular fiddle player during dances that were held at the Poirier home. One of Peter Chiasson’s sons named Léopold remembers that the Chiasson home was also a place for social gatherings during his youth in the 1950s and 60s, or as he says, it was where people went to have fun.


Fall and winter were the seasons for milling frolics and also for other communal work activities like the bûcheries, when men would gather to chop firewood for each local family. The collective chores would often end with an evening of songs and dances at the Chiasson household, where homemade beer flowed freely. Evenings of singing and dancing also occurred all over the area on Candelmas day, February 2nd, and during mi-carême, the mid-Lenten festival that began on the third Thursday of Lent. There was less time for singing in the summer, when fishing and farming required long hours of work. Helen Creighton’s visits in June 1944 and July 1954 were thus occasions for special musical evenings.

Thomas or « Tom » Doucet (1877-1956) was the most elderly of Helen Creighton’s informants. When Creighton visited Grand-Étang in 1944, he lived in nearby Saint-Joseph-du-Moine. He was Peter Chiasson’s uncle, and a good friend of Moïse Chiasson. Doucet was a lively performer, and 6 of his songs are included here. Creighton noted that Doucet could not only speak French and English, but that he also had some knowledge of Gaelic, and that he would sometimes burst into song in that language. This is an important remark, because we know that cultural exchanges took place between Acadians and their neighbours of Scottish descent in Cape Breton, but we would be wrong to suppose that the common language of communication between the two groups was always English.

The two other singers from Grand-Étang represented here, Léo Poirier (1888-1971) and Pat Aucoin (1894-1984), were both friends and neighbours, and often got together during musical evenings. Poirier is remembered as a joker who liked humorous songs, and often joined the singers and fiddlers from the surrounding area who gathered at the Aucoin home, where an abundance of home brew was an added attraction. The distilled alcohol made locally was called “bush”, while home made beer was humorously referred to as bière de parc à vaches or “cow pasture beer”.

Pat Aucoin not only hosted many musical evenings during the year, but he also welcomed local families for the traditional Candelmas feast on February 2nd. His daughter Stella Chiasson remembers he was the leader of the Candelmas beggars, who went from door to door gathering food for the feast that was to take place at a local home. The leader of the group wore a black top hat adorned with ribbons, and carried a long cane that also had colourful ribbons attached to it. As leader, Pat Aucoin would begin singing the song called “L’Escaouette” when the beggars entered each home, and would also sing a song to express thanks upon their departure. His daughter Stella thinks he may have been invited to play a central role in the custom because of his singing ability. She remembers that he was also one of the main participants during milling frolics, where two experienced singers were placed at either end of the table to lead in the singing.

Although music has always been important in Cape Breton Acadian homes, the songs sung in the past were often lost during the 20th century because they didn’t fit into the new musical genres. One exception is “Léo à Pat” Aucoin, son of Pat Aucoin, who continued the song tradition handed down from his father’s generation. The Chéticamp community radio station recorded his entire song repertoire and a CD of his songs was released in 2002. He was even invited to sing during the Acadian cultural week at Expo 86 in Vancouver. Regrettably, Léo à Pat passed away in 2008, but thanks to him, people in the Chéticamp area have continued to enjoy the Acadian traditional songs of Pat Aucoin and the other singers of Grand-Étang.

We may ask ourselves why Helen Creighton didn’t continue her fieldwork that began so fruitfully at Grand-Étang in June 1944. Remarks contained in her field notes suggest that she wasn’t at ease when interviewing French speaking Acadians, unless she was accompanied by someone who could serve as interpreter. Creighton found it especially frustrating to be present at a social gathering where she couldn’t follow the conversations taking place around her. This may explain why her fieldwork begun in Pubnico in 1947 was carried out more thoroughly. Her field notes from Pubnico contain many references to her regrets about not understanding French, but the women with whom she developed a working relationship there were bilingual.

Helen Creighton was particularly attracted to the Pubnico area. In fact, she wrote that the people there were the most cooperative in the province. The description of the community published in her Introduction to La fleur du rosier, « the most serene settlement I have ever worked in », eloquently expresses her attachment to this far flung area of Acadie. And yet, after her first visit to the area in 1947, she had become discouraged, writing that she could only find crumbs of the lost art of folk singing in Nova Scotia. All this changed when she began to record Laure Irène McNeil (whom she called Laura McNeil) and her mother Hermance Pothier in West Pubnico. Creighton spent an entire month in the area in the summer of 1948, recording songs and folktales. After one of the recording sessions, she wrote about the women of Pubnico: « There is quite a dignity about these old people and a great kindness ».

Helen Creighton’s fieldwork in Pubnico is of particular importance because it is one of the areas of the Maritimes that has been studied the least by Acadian folklorists. Many rare songs such as “Le cotillon lave” and “La mort de la Dauphine” form a part of the collection. As her informants were all women, we find many songs that are aimed specifically at children, such as “Biquette”, and “Le petit bossu”, as well as some beautiful lullabies like “Dors le petit bébé” and “Berce ton petit bébé”, not to mention the brief songs that were included in folktales. Brief children’s songs have rarely been published in Acadian collections, and those sung in Pubnico are certainly worthwhile being better known.

The tale entitled “Les trois graines de pimprenelle” has been included here as a reflection of the rich folktale tradition in Pubnico. A total of 17 folktales from Pubnico had been published between 1937 and 1940 in the Acadian weekly newspaper called Le Petit Courrier, after having been written down by Laure Irène McNeil, and the tales quickly attracted the attention of renowned folklorists Luc Lacourcière from Québec and Geneviève Massignon from France. Massignon herself visited Pubnico in 1946. Two years later, Helen Creighton began working on the folktales with Mrs McNeil, who not only told her the tales, but rewrote them both in French and in English translations, thus enabling Creighton to analyse their contents. The correspondence between the two women continued until the 1960s, and the letters preserved by the Nova Scotia Archives (NSARM) show how greatly interested Helen Creighton was in the Acadian folktales of Pubnico. About Mrs McNeil, she wrote: “…she could accomplish the impossible when someone came someone came along who appreciated her beloved songs and folk tales”. (A Folk Tale Journey, 1993, p. 79).

Helen Creighton’s correspondence and field notes provide us with quite a clear picture of what the Pubnico area was like during the post-war years. This was a time of great change, when the main roads were being paved, and Pubnico was coming out of its isolation. The arrival of television was also having an effect on local society. In June 1956, Creighton wrote: « English is certainly creeping in here in everything ». Although she had been pleased to remark at first that most Acadians in Pubnico understood English, she ended up regretting the effects of the English language on Acadian culture.

Of the five singers from Pubnico heard on the CD, Mrs. Hermance (D’Entremont) Pothier (1863-1950) is heard most often, singing 10 songs, including 2 duets with her daughter Laure Irène McNeil and 2 others where she is joined by other singers. Hermance Pothier was 85 years of age when Helen Creighton recorded her in 1948. Creighton wrote in her notes that she considered herself lucky to have gone to Pubnico while Hermance Pothier was still living. This is what she wrote about Hermance and her daughter Laure Irène: “They helped one another to remember so that over fifty songs and twenty folk tales were recorded from this community.”

Laure Irène (Pothier) McNeil (1896-1969) was Helen Creighton’s close collaborator throughout the period of her fieldwork in Pubnico. After first meeting her in 1947, Creighton wrote: « She knows her Pubnicos and she knows her folklore, and she is far and away the best informant down there. » The two women became good friends, and Mrs. McNeil would often offer her a place to stay during her visits to the community. Laure Irène McNeil was a school teacher who had a mission to help preserve the oral traditions of Pubnico. She regularly accompanied Helen Creighton during her fieldwork, acting as translator and helping with the interviews. As Creighton wrote: “Although other residents knew some songs and portions of tales, she was the only one who could put them all together.” (A Folk Tale Journey, 1993, p. 79).

Two other women recorded by Helen Creighton mostly performed duets: Mrs. Séphora (D’Éon) Amirault (1881-1955) and Mrs. Marguerite or « Maggie » (D’Éon) Amirault (1874-1963). Séphora Amirault was the mother of 12 children and people in Pubnico still remember that there was always music being played in her home. Helen Creighton wrote that the two women had never sung together before but always managed to start on the same pitch. In some cases, they formed a trio with Hermance Pothier. After one of the recording sessions, Creighton wrote that she “would have loved to have a picture of the three old ladies in a circle around the mike, two of them toothless, and singing with all their hearts”. The women may have found that they were less nervous in front of a microphone if they were singing together. One other informant, Mrs. Marie Hélène (D’Éon) Pothier, was Laure Irène McNeil’s sister-in-law. While only one of her songs is included here, she sang many ballads that were published in La fleur du rosier.

The compact disk ends with the tune from the song “The Wandering Jew” played here on the fiddle by Hilaire Pothier (1897-1996), accompanied on the piano by his sister Laure Irène McNeil. This reflects the instrumental music tradition that used to be found in all Acadian regions of the Maritimes, and that continues to thrive today in certain areas such as Cape Breton, while it has declined in others like Pubnico.

A final word must be said about the sources used in my study of the songs. Most of the research was carried out at the Centre d'études acadiennes of the Université de Moncton, where researchers can consult not only a well organized folklore archive, but also an extensive library. Biographical information about the singers came in part from fieldwork carried out at Grand-Étang in June 2008, and partly from the Helen Creighton Fonds at the Nova Scotia Archives (NSARM) in Halifax. The main archival sources consulted are MG-1, vol. 2830 and MG-1, vol. 2805.

My thanks go out to Clary Croft, who helped identify pertinent archival sources, and who made this project possible through his dedicated work with the Helen Creighton Folklore Society. A warm thanks goes out to Léandre Bourgeois, who used both his musical and computer skills to achieve the best possible sound quality on the CD. Thanks also to Carmen D’Entremont for her help in gathering information about the Pubnico singers, as well as to Jean-Pierre Pichette, holder of the Canada Research Chair on Oral Culture of Francophones (COFRAM) at the Université Sainte-Anne, who offered his collaboration and support. One final word of thanks goes out to the people of Grand-Étang and Chéticamp, who graciously answered my numerous questions, and especially to Charlie Dan Roach of the Centre culturel Les Trois Pignons in Chéticamp and to Professor Barbara Le Blanc, of Université Sainte-Anne, who provided me with help and encouragement during my fieldwork in Grand-Étang.

Ronald Labelle
McCain Research Chair on Acadian Ethnology











______________________________________________________________________________________

Quand j'étais su' mon père
Informateur / Informant: Peter Chiasson, Grand-Étang, 1944. Laforte: La fille au cresson (I-H-4) 

Quand j'étais su' mon père,
Roulons-la la bouteille
Petite à la maison,
La bouteille en bon, bon, bon,
Petite à la maison
La bouteille en bon garçon.

Je m'en vais-t-à la fontaine
Pour remplir mon cruchon.

La fontaine est profonde,
Coulée je m' suis-r-au fond.


En chemin, il y passe
Trois cavaliers larrons.

"Que donneriez-vous, belle,
Qu'on vous tirerait du fond"?

Votre petit cœur en gage
La belle, que nous voulons.

Mon petit cœur en gage,
Ce n’est pas pour des larrons.


Informateur / Informant: Peter Chiasson, Grand-Étang, 1957. Laforte: La fille au cresson (I-H-4) 

Quand j'étais su' mon père,
Petite à la maison,
Petite à la maison,
Je m'en vais-t-à la fontaine
Pour remplir mon cruchon, magniton.
Magni-ton-ton, les fi-a-ton,
WHOUP! les fi-a-magniton.

Je m'en vais-t-à la fontaine
Pour remplir mon cruchon,
Pour remplir mon cruchon;
La fontaine est profonde,
Coulée je m' suis-r-au fond,

La fontaine est profonde,
Coulée je m' suis-r-au fond,
Coulée je m' suis-r-au fond;
En chemin il y passe
Trois cavaliers larrons,

Cette chanson en laisse en est une des plus répandues dans les pays de langue française. Dans son étude de la chanson, Coireault dit que les nombreuses versions françaises ont une grande richesse mélodique. La chanson raconte les péripéties d'une jeune fille qui déjoue les ruses de trois cavaliers. Elle comporte deux formes: dans l'une, la fille va cueillir du cresson et dans l'autre, elle va chercher de l'eau. Dans un autre enregistrement de la chanson, Peter Chiasson chante après le sixième couplet :

Quand la belle fut en haut / S'en va-t-à la maison;
Elle monte dedans sa chambre / Chantant une chanson;
Il termine aussi la chanson avec le couplet suivant :
-Mon petit cœur en gage / C'est mon père qui l'aura".

Après le cinquième couplet, le chanteur a omis la réponse de la fille à la question des cavaliers:

"Tirez, tirez, dit-elle / après ça nous verrons" (voir Baillargeon).

La fin de la chanson comporte aussi des différences avec l'ensemble des versions, dans lesquelles la fille termine en disant que son cœur n'est pas pour les larrons mais pour les jolis garçons.

La seconde version présentée ici comprend un différent refrain et donc une mélodie distincte. Elle est incomplète, car il s’agit d’un enregistrement fait dans le cadre d’un film portant sur la carrière de Helen Creighton. Barbeau (En roulant ma boule) écrit qu’il s’agissait d’une chanson de métiers. Au Témiscouata (Québec) où il l’a recueillie, on la chantait lors de fouleries où les participants, munis de longs pistons de bois, frappaient une bande d’étoffe qui trempait dans une auge, scandant leurs gestes au rythme de la chanson.
**************************************************************************************
This is one of the most common traditional songs in French speaking lands. Coireault wrote that the numerous versions collected in France are very rich from a melodic viewpoint. The song tells of the adventures of a young girl who outsmarts three knights who attempt to win her. The song can be found in two basic forms: in one, the girl is out picking watercress and in the other, she is fetching water.
In another recording by Helen Creighton, Peter Chiasson sang three additional verses (see above). After the fifth verse, Chiasson leaves out one other verse where the girl tells the knights to first save her from the well, after which she would tell them what their reward would be. The conclusion of the song is also different from most versions in which the girl ends by saying that her heart is not for brigands but for handsome young men.

The second version included here has a different refrain and a completely different melody. Only the beginning of the song was recorded, as it was to be included in a National Film Board documentary on the career of Helen Creighton. Barbeau (En roulant ma boule), writes that this song was primarily used to accompany work activities. In Témiscouata, Québec, where he recorded it, it was heard at milling frolics where participants would beat soaking strands of wool with wooden poles to full the cloth as they sang.
Versions publiées/Published versions: BAILLARGEON, p. 106-107; BARBEAU, Alouette, p. 144-145; BARBEAU, En roulant ma boule, p. 163-164, 189-196; BARBEAU, Jongleur Songs, p. 178-182; CHIASSON ET BOUDREAU, 7e série, p. 44, 45; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 20-21; DAIGNEAULT, 51 chansons, p. 75-76; p. 69-71; FERLAND, p. 116-117; p. 175-175; FOWKE, p. 32-33; GAGNON, p. 69-72; p. 73-74; GREENOUGH, p. 145-146; LAFORTE, Chansons de facture…, p. 470-474; LEGARE, p. 146; MILLS, p. 31; YOUNG, p. 124-125.

Disques/Records: LES JOYEUX COPAINS, London; LABRECQUE, Chansons populaires…, Folkways; LABRECQUE, Folk Songs…, Folkways.

Etudes/Studies: COIREAULT, p. 338-353; MACMILLAN, vol. 1, p. 88-113.

_______________________________________________________________________________________________________
Souhaits sur les vieilles et le jeunes
Informateur / Informant: Thomas Doucet, accompagné par Peter Chiasson et Pat Aucoin / accompanied by Peter Chiasson and Pat Aucoin, Grand-Étang, 1944. Laforte : (I-D-20)


Voudrais bien que tous ces bons vieillards seriont dans le paradis;
Et que toutes les vieilles femmes seriont à leur tiendre compagnie.
Cela m'y ré, ré, ré, cela m'y réjouit.

Et que toutes les vieilles femmes seriont dans le paradis
Et que toutes les jeunes femmes seriont couchées avec leur mari.

Et que toutes les jeunes femmes seriont couchées avec leur mari
Et que toutes les jeunes filles seriont mariées-t-à leur loisir.

Et que toutes les jeunes filles seriont mariées-t-à leur loisir
C'est pas pour moi que j'en parle car la mienne n'est point par ici.

Ca n'est pas pour moi que j'en parle car la mienne n'est point par ici
Mais à présent je m'en reprends car je pourrais peut-être bien mentir.

Mais à présent je m'en reprends car je pourrais peut-être bien mentir
Regardez une, regardez l'autre, regardez-les comment se fait rire.

Cette chanson en laisse est connue surtout en France, où le Catalogue Laforte rapporte un l’existence de sept versions. Celle-ci est la seule à avoir été recueillie au Canada.

**************************************************************************************
This song extends wishes to women of various ages. It is best known in France, where Laforte found it in seven collections. This is the only version to have been collected in Canada.
Versions publiées/Published versions: CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 28; LAFORTE, Chansons de facture…, p. 303-304.
_

_______________________________________________________________________________________________

J'ai fait laver mon cotillon
Informatrice: Mme Henri Pothier, Pubnico-ouest, 1948. Laforte : Le cotillon lavé (I-L-7)

J'ai fait laver mon cotillon (bis)
Lave-zi, lave-zon, lave-zon don don,
Virons donc lave-zi et
Tournons donc lave-zon don don.

J' l'ai éparé sur un buisson (bis)
Par ici passit trois larrons.

Par ici passit trois larrons (bis)
Ils ont enlevé mon cotillon.


Cette chanson en laisse est très rare. Quelques versions ont été recueillies en France alors qu'au Canada seules deux versions fragmentaires ont été retrouvées et toutes les deux proviennent de Pubnico-ouest. Dans les versions plus complètes publiées par Laforte, la femme poursuit les larrons pour terminer soit en les attrapant par le talon ou en les envoyant en prison.

**************************************************************************************

This song is very rare. A few versions have been collected in France, while in Canada only two fragments have been collected, both in West Pubnico. In the more complete versions published by Laforte, the woman pursues the knaves who have stolen her petticoat and either catches them by their heels or has them thrown in prison.
Versions publiées/Published versions: CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 16; LAFORTE, Chansons de facture…, p. 648-649.
______________________________________________________________________________________

Je m'en été dans mon jardin
Informatrice / Informant: Mme Henri Pothier, Pubnico-ouest, 1948. Laforte : La belle au jardin (I-G-3)

Je m'en été dans mon jardin
Amour, tu n'entends point
Cueillir des roses et des romarins,
Vive le nom de ma maîtresse
Amour, tu n'entends point,
Le bout de la rue va faire le coin.

Cueillir des roses et des romarins.
Le bel oiseau-t-à moi s'en vient.

Le bel oiseau-t-à moi s'en vient.
Il-e m'a dit dans son latin


Il-e m'a dit dans son latin
Que ma maîtresse m'aime point.

Que ma maîtresse m'aime point.
Si elle m'aime point je m'en soucie point.

Si elle m'aime point, je m'en soucie point.
Or adieu catines, or adieu catins.

Si elle m'aime point, je m'en soucie point.
Or adieu catines, or adieu catins.

Or adieu cousines, or adieu cousins.
Or adieu catines, or adieu catins.

Madame Pothier chantait une autre version de cette chanson comportant les mêmes vers, mais avec comme refrain : La fleur de lys jolie / Le belle avait deux serviteurs / Y en a souvent un qui aura du malheur. La comparaison de ses deux versions illustre la façon dont les vers d'une même chanson en laisse peuvent s'unir à différents refrains. Quant à l’aspect narratif, l'oiseau dit ici au garçon que sa maîtresse ne l'aime point, alors que dans plusieurs autres versions l'oiseau lui dit que les filles, les femmes mariées et les garçons « ne valent rien » (Baillargeon, p. 126-127) parce qu’ils ont toujours « le verre à la main » (Barbeau, p. 115).

**************************************************************************************
Mrs. Pothier sang another version of this song that included the exact same verses but with a completely different refrain (see above). A comparison between these two song texts shows how the verses of a song can have several different refrains that all fit the basic metric form. As to the content of the verses, here the bird tells a young man that his sweetheart doesn't love him, while in most versions of the song the bird says that young girls, married women, and young men are all unreliable (Baillargeon, p. 126-127) – especially the latter, who are always drinking (Barbeau, p. 115).
Versions publiées/Published versions: BAILLARGEON, p. 126-127; Chante rossignolet, p. 59; BARBEAU, En roulant ma boule, p. 115, 117; CHIASSON ET BOUDREAU, 9e série, p. 41, 10e série, p. 19; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 16-18 ; LAFORTE, Chansons de facture…, p. 410-412; MARIE-URSULE, p. 318.

Disque/Record: Acadie et Québec, RCA.

Etude/Study: COIREAULT, p. 155 et p. 367-376.

________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Dragon pour boire
Informatrice / Informant: Mme Henri Pothier, Pubnico-ouest, 1948. Laforte : Le dragon poltron

Dragon pour boire
On dit que vous avez renom,
Mais pour la gloire,
On dit que non.
On dit que vous avez été
A la guerre sans avoir tiré
Ni de coup de sabre ni de pistolet. (bis)

On ne connaît aucune autre version de cette chanson légère et amusante. Il se peut qu’à l’origine, cette chanson brève accompagnait un récit, ou encore qu'elle ne soit qu'un fragment d'une chanson plus longue, aujourd'hui disparue. Elle semble toutefois être complète en elle-même. Selon Madame Pothier, les femmes faisaient la ronde et tenaient leur jupe en chantant. Elles faisaient la révérence au dernier mot de chaque second vers, comme dans un menuet, ce qui amusait les enfants.
**************************************************************************************

We know of no other version of this light-hearted and amusing song about a dragoon who returns from the wars without having fired a shot or drawn his sword. The origin of the song is difficult to trace, but it is possible that it once accompanied a story, or that it was a part of a longer, now forgotten song. It does seem, however, to be complete in itself. Mrs. Pothier said that ladies used to hold their skirts and walk around while singing this song, and that they would amuse their children by bowing at the last word of every second line as in a minuet.

Version publiée/Published version: CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 205.

________________________________________________________________________

Nous voilà tous rassemblés
Informatrices / Informants: Mme Sephora et Mme Louis Amirault, Pubnico-ouest, 1948. Laforte : le plus beau jour de ma vie (II-P-26)

Nous voilà tous rassemblés
A la table des mariés,
Il faut boire et chanter,
Il faut pas s'ennuyer,
C'est une belle journée,
Il faut profiter du temps,
C'est un’ bel agrément,
Que ne durera pas longtemps.

Belle, rassemblons nos amours,
C'est aujourd'hui le plus beau de nos jours,
C'est un' bel agrément,
Pour ces deux jeunes amants
Que s'aimiont tendrement,
Oui, j'en ai fait le serment
De l'aimer tendrement,
Jusqu'au dernier moment.
Versez-moi un verre de vin,
C'est pour saluer ma catin,
Saluer la compagnie,
Qu'il me coûte à quitter,
J'en suis fort chagriné,
Saluer mon petit cœur,
Que j'ai eu le bonheur,
D'avoir une faveur.

Adieu parents et amis,
C'est aujourd'hui qu'il nous faut partir,
En disant mes adieux,
Avec les larmes aux yeux,
En rendant grâce à Dieu,
Que Dieu bénisse mon ennui,
Car c'est aujourd'hui,
Qu'il faut suivre un mari.


Cette chanson de noces présente des vues contrastantes du mariage. La mariée quitte ses parents et amis tristement, alors que le mari est joyeux. Les chansons traitant du mariage sont d'ailleurs plus souvent tristes que joyeuses dans le répertoire folklorique acadien. La version de Pubnico qui a été publiée dans Musique acadienne du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse comprend une strophe additionnelle qui s’insère entre les 3e et 4e présentées ici : "Belle quand je vois vos beaux yeux, / Ça me rend le cœur très joyeux. / C’est une belle amitié / Qu’il nous faut conserver / J’en serais très charmé / Votre aimable et tendre cœur / Sera tout mon bonheur / Jusqu’à dans les malheurs. La chanson a été recueillie plus de soixante fois dans différentes régions du Canada français mais jamais en France. Fait surprenant, seule la version de Pubnico a fait l’objet de publications.
**************************************************************************************

This wedding song presents us with contrasting views of marriage. The bride leaves her parents and friends sadly, while the groom is happy. In fact, in the Acadian traditional repertory, songs on the theme of marriage are more often sad than happy. This song has been collected more than sixty times in various regions of French Canada but never in France. In some versions, an additional stanza is added in the middle of the song, (see above) where the suitor describes his bride’s beauty and speaks of his love for her in lyrical terms. To our knowledge, the version sang in Pubnico is the only one ever to have been published.

Versions publiées/Published versions: CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 98-99; Musique acadienne…, p. 42.

_______________________________________________________________________________________________________________________________________________

En buvant du bon vin
Informateur / Informant: Léo Poirier, Grand-Étang, 1944. Laforte : Les femmes des maris aux vignes (I-F-4)

En bu, en bu, en bu, en buvant du bon vin
Mais nous autres nous y sommes et nos, et nos, et nos, et nos femmes n'y sont pas
Voilà, gai, gai,
Je pars-e demain, voilà, là, là,
Demain je m'en vas.

Mais nous autres nous y sommes et nos, et nos, et nos femmes n'y sont pas
J'ai-t-aperçu-t-un moine, oh là, oh là, oh là-bas dans un coin.

J'ai-t-aperçu-t-un moine oh là, oh là, oh là-bas dans un coin
Qui confessait trois filles oh le, oh le, oh le verre à la main.

Qui confessait trois filles oh le, oh le, oh le verre à la main
Commence par la plus vieille pour en, pour en, pour en savoir plus long.

Commence par la plus vieille pour en, pour en, pour en savoir plus long
''Mon père je m'accuse de l'a, de l'a, de l'avoir fait souvent

Mon père je m'accuse de l'a, de l'a, de l'avoir fait souvent
Ma prière à l'église ou a, ou a, ou avec mes cousins

Ma prière à l'église ou a, ou a, ou avec mes cousins
-Ma fille pour pénitence tu le, tu le, tu le feras plus souvent."

Celle-ci est une des plus anciennes chansons de tradition orale. Laforte (Catalogue… I, p. 184) en a retrouvé des versions dans le manuscrit de Bayeux, daté du XVe siècle et aussi dans quelques recueils de chansons publiés au XVIIe siècle en France. La chanson en laisse elle-même est une forme archaïque de versification. Celle-ci est aujourd'hui rare, autant en France qu'au Canada. Dans la plupart des versions, le moine confesseur termine en disant à la fille que pour pénitence elle devrait revenir le voir le lendemain.

**************************************************************************************

This is one of the oldest songs in the French oral tradition. Laforte (Catalogue… I, p. 184) found some of its verses in the XVth century manuscript of Bayeux, and it is also found in a few song collections of the 17th century. It is now rare, both in France and in Canada. It is an example of an archaic French poetic form.
In this comic song about a girl who confesses her sins to having “prayed” with her cousins, her drunken confessor usually ends by telling her that as penance she will have to return to see him again the next day. In this one, he tells her to repeat her sin more often, though the words suggest that she may not have been “praying” at all.

Versions publiées/Published versions: CHIASSON et BOUDREAU, 4e série, p. 46; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 25-26; DESCHÊNES, C’était la plus jolie…, p. 158; LAFORTE, Chansons de facture…, p. 363-365.

Disque/Record: C'est dans la Nouvelle-France, Tamanoir.

________________________________________________________________________

La complainte de Louisbourg
Informateur / Informant: Thomas Doucet, Grand-Étang, 1944. Laforte : Louisbourg (VI-B-35)

Ah, c'est-y toi, noble Empereur, qui m'aurait placé Gouverneur
De Louisbourg, ville admirable, qu'on croyait en sûreté,
On t'y croyait imprenable, mais tu n'as pu résister.

Ça n'était pas manque de canons, de poudre et de munitions.
En garnison vingt mille hommes, nous avions tant de secours;
Mais je voudrais savoir comment ont-ils pris Louisbourg.

Les Français, soir et matin, animés par leur Dauphin,
Nuit et jour dans les tranchées, faisiont écouler leurs eaux.
Vingt mille hommes par leur-z-hardiesse, ils l'avont pris à l'assaut.

J'ai fait une composition, moi et toute ma garnison,
De sortir nos chalumiers en bourbaille en bataillon,
En déployant nos enceintes quittant bagage et argent.

J'ai quitté cent vingt canons, vingt milliers de poudre et de plomb,
Quinze mille quarts de farine, et trente-deux mille boulets.

Les Anglais ont bien la mine d'y faire la guerre aux Français.
J'ai fait une composition moi et toute ma garnison,
De sortir nos chalumiers en bourbaille en bataillon.

(Vous excuserez la chanson. C'est tout ce que je sais.)

Cette chanson historique est d'un grand intérêt, non seulement à cause de sa rareté, mais aussi parce qu'elle semble raconter la chute de la forteresse de Louisbourg du point de vue d'un témoin. La chanson est connue seulement chez les Acadiens du Cap-Breton.
Cette version comprend quelques passages confus. Dans la troisième strophe, on parle des "Français" et non des "Anglais". Aussi, dans les 4e et 6e strophes, le soldat fait une "proposition" et non une "composition".
Il n’est pas rare qu’un chanteur termine sa performance avec une expression comme « excusez-la », mais ici, Thomas Doucet ajoute « c’est tout ce que je sais », étant conscient du fait qu’il ne connaît pas la chanson en entier.
Une des versions recueillies au Cap-Breton comprend deux strophes additionnelles, dont l'une décrit la prise d'assaut de la forteresse, disant que les Français ont capitulé car ils ne pouvaient plus résister. L'autre, qui constitue la dernière strophe, dit un adieu à Louisbourg: "Adieu donc charmant Louisbourg, c'est un adieu pour toujours" (voir Chiasson et Boudreau).
**************************************************************************************

This historical song is of great interest, not only because it is extremely rare, but also because it seems to give an eyewitness account of the fall of the fortress of Louisbourg. The song is known only among the Acadians of Cape Breton.
This version includes a few confusing details. In the third verse, the army mentioned should be that of the French and not the English. Also, in the fourth and sixth verses, the soldier makes a "proposition" and not a "composition".
One of the versions collected in Cape Breton includes two additional verses, one of which describes the assault on the fortress, saying the French finally capitulated, being no longer able to resist. The other verse, which ends the song, says farewell to Louisbourg (see Chiasson et Boudreau).
Versions publiées/Published versions: CHIASSON et BOUDREAU, 4e série, p. 13 ; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 239-240; POUINARD, p. 129-130;
______________________________________________________________________________
C'est dans l'Anse du Saint-Beaufour
Informateur / Informant: Thomas Doucet, Grand-Étang, 1944. Laforte : Les filles qui demandent les garçons (II-O-21)

C'est dans l'Anse du Saint Beaufour
Que toutes les filles sont faites autour.
Patient Landry aimait une petite et une grande,
I’ veulent qu'on les marie sans personne y demande.

Les garçons s'avancent assemblés,
Su' Monsieur Le Blanc ils s'en ont été.
Ils s'avont mis d’un amour en colère.
Disant « Monsieur Le Blanc, publiez-nous, beau-père ».

Le dimanche est venu,
Monsieur Le Blanc les a publiés:
"Ecoutez toutes, les garçons d'ici.
Les filles à Patient Landry y veulent qu'on les marie."


Les garçons avont répondu:
"Les filles à Patient, nous en voulons plus.
Ils font toutes leurs amours en cachette.
Le soir après souper vont veiller su' Henriette."

Patient Landry avait un gros boeuf,
Il était malin comme un mille vieux.
Il l'a partagé entre ses deux filles,
On dit que la queue ira pour Eugénie.
Amen.

La mention de noms tels Patient Landry et Monsieur LeBlanc semble attribuer la chanson aux Acadiens. En réalité, cette chanson a une origine française et on en retrouve des versions ici et là en France, en Louisiane et au Canada. Celle-ci est la seule version connue en Acadie.
La version louisianaise publiée par Adam commence ainsi: ''Dans cette ville il fait si beau / Que tout autour il y a des filles / Des petites et des grandes / Qui voudraient bien se marier / Mais personne ne leur demande."
**************************************************************************************

The presence of names such as Patient Landry and Monsieur LeBlanc seems to suggest an Acadian origin for this song about the trials of a group of young women who are searching for husbands. In fact, it came from France, and examples have been collected in Louisiana and in different parts of French Canada as well as in France. This version is the only one to have been found in Acadia.

Versions publiées/Published versions: ADAM, p. 68-69; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 93-94.

________________________________________________________________________

Mariez-moi
Informatrice / Informant: Mme Henri Pothier, Pubnico-ouest, 1948. Laforte : Mariez-moi sinon je ne filerai pas (III-C-14)

« Mariez-moi, ma petite maman, j'ai hâte d'être en ménage;
Voilà bientôt que j'arrive à vingt ans, je crois que c'est le bon âge.
Toujours tourner, toujours filer, c'est un métier dont je suis ennuyée;
Si vous ne me mariez pas, maman je ne filerai pas.

- Taisez-vous donc et cessez vos cancans, ne parlez pas de la sorte.
Et attendez que vous ayez trente ans, vous êtes encore qu'une sotte.
Fuyez, fuyez, ma bonne enfant, fuyez, fuyez tous ces maris.
Vous serez bien prudente, si vous faites ce que je dis.

- Si c'est à trente ans que j'aurai un mari, je vous le dis, oh, ma mère.
J'estimerais mieux voir mon rouet à rôti, réduit en cendre et poussière
Et ma quenouille sur les tisons, toute flambant', puis en charbon;
Si vous ne me mariez pas, Maman, je ne filerai pas.

- Eh bien, ma fille, puisque c'est à votre goût, mariez-vous au plus vite.
Vous verrez quand vous serez mariée que vous filerez, ma petite.
- Ne craignez rien, ma bonne maman, j'arrangerai ça avec mon Jean.
Quand on est un, on est heureux; quand on est deux, encore bien mieux. »

Ce n'est pas cher un Anglais pour un liard, c'est tout juste cinq sous la douzaine.
Il ne faut pas arriver trop tard, car nous les vendons par centaine.
Criez tout haut, beaux fruits nouveaux, le bel Anglais qui sort du bateau.
Ah qu'il est frais, ah qu'il est beau, quatre pour un sou les Anglais.

Cette chanson en dialogue est bien connue en Acadie comme au Québec. Selon Laforte, il existe plus de trente types de chansons comprenant un dialogue entre une fille et sa mère (Laforte, Poétiques…, p. 56). Dans celle-ci, la fille menace de ne plus filer si sa mère n'accepte pas de la marier.
En général, les paroles varient peu d'une version à l'autre. Celle-ci a cependant de particulier qu'elle se termine par une moquerie à l'égard des Anglais à marier. Dans nombre de versions, la fille se retrouve à la fin avec son ami qui lui dit: "Marions-nous, soyons heureux; Après tu fileras si tu veux" (CEA, coll. Étienne Benoît, enreg. no 25).
**************************************************************************************

This song in dialogue form is well known in Acadia, as well as in Québec. According to Laforte, there are over thirty song types that present a dialogue between a girl and her mother (Laforte, Poétiques…, p. 56). In this one, the girl threatens to stop spinning yarn if her mother refuses to arrange a marriage.
The words of the song do not generally vary much from one version to another. This one is peculiar in that it ends by ridiculing worthless Englishmen, saying you can pick them up fresh off the boat at a price of four to a penny. Most versions end with a meeting between the girl and her suitor, who tells her: "Let us get married and be happy; Then you can spin if you like. (CEA, Étienne Benoît Collection, No. 25).

Versions publiées/Published versions: BARBEAU, Le roi boit, p. 301-303; BARBEAU et SAPIR, p. 209-212; BAILLARGEON, p. 104-105; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 99-100; CORMIER, p. 54-55; DESPRES, p. 59.

________________________________________________________________________

Les métamorphoses
Informatrices / Informants: Mme Henri Pothier, Mme Sephora et Mme Louis Amirault, Pubnico-ouest, 1948. Laforte (IV-Ma-7)

J'ai fait une maîtresse, il y a pas longtemps, (bis)
Dimanche, j'irai la voir, dimanche, j'irai,
Je ferai la demande à ma bien-aimée.


''Car si tu viens dimanche, je n'y serai pas.
Je me mett-e-rai biche dans un beau champ;
De moi, tu n'auras pas de contentement.

-Si tu te mets en biche dans un beau champ,
Je me mettrai chasseur-e j'irai chasser,
Je chasserai la biche, ma bien-aimée.

-Si tu te mets chasseur-e pour me chasser,
Je me mett-e-rai carpe dedans un étang;
De moi, tu n'auras pas de contentement.

-Si tu te mets en carpe dans un étang,
Je me mettrai pêcheur-e pour te pêcher,
Je pêcherai la carpe, ma bien-aimée.

-Si tu te mets pêcheur-e pour me pêcher,
Je me mettrai malade dans un lit blanc;
De moi, tu n'auras pas de contentement.

-Si tu te mets malade dans un lit blanc,
Je me mettrai docteur-e pour te soigner,
Je soignerai la belle, ma bien-aimée.

-Si tu te mets docteur-e pour me soigner,
Je me mett-e-rai soeur-e dans un couvent;
De moi, tu n'auras pas de contentement.

Si tu te mets en soeur-e dans un couvent,
Je me mett-e-rai prêtre, j'irai prêcher,
Je prêcherai la soeur-e ma bien-aimée.

Si tu te mets en prêtre pour me prêcher,
Je me mettrai soleil-e au firmament;
De moi, tu n'auras pas de contentement.

-Si tu te mets soleil-e au firmament,
Je me mettrai nuage pour te cacher,
Je cacherai la belle, ma bien-aimée.

-Si tu te mets nuage pour me cacher,
Je me mettrai Saint Pierre au Paradis;
Je n’ouvrirai la porte qu’à mes amis.''

Voici une des chansons traditionnelles les plus répandues dans le monde occidental. On la retrouve non seulement dans les pays de langue française, mais aussi en Angleterre, en Espagne, en Italie, et en Russie, entre autres (Laforte, Catalogue… IV, p. 194). La plus vieille version française écrite date de 1724, mais il se peut que la chanson ait été connue en d'autres langues bien avant cette date. Quelle que soit son origine, la chanson constitue, en français, un chef-d’œuvre de poésie lyrique populaire. Barbeau (En roulant ma boule, p. 732) affirme que lors de sa publication dans un important recueil de chants populaires en France au XIXe siècle, les littéraires avaient du mal à croire qu’une poésie si raffinée puisse être d’origine paysanne.
Dans son étude de la chanson, Coireault signale que c'est une des rares chansons folkloriques françaises à comporter des éléments du merveilleux surnaturel. La chanson est énumérative, racontant une poursuite amoureuse, où la belle se métamorphose à plusieurs reprises pour échapper aux avances du galant. On peut faire un rapprochement intéressant entre cette chanson et le conte populaire "L'apprenti magicien" (conte-type international no 325), dans lequel le héros se métamorphose plusieurs fois lors d'une poursuite.
Dans la version présentée ici, c'est la fille qui a le dernier mot, mais dans d'autres versions c'est le galant qui termine en disant qu'il ouvrira la porte du Paradis à sa bien-aimée, qui s'est transformée en morte ou en ange: "Si tu te mets en vierge, au paradis, / Je me mettrai saint Pierre, j'aurai les clefs, / Et j'ouvrirai le cœur de ma bien-aimée" (Barbeau, Jongleur Songs..., p. 47).
La chanson a été publiée dans un grand nombre de recueils, ayant été recueillie un peu partout au Canada français et aussi chez les Franco-Américains.
**************************************************************************************
Among all the traditional songs in the Western World, this is one of the most widespread. It is found not only in French speaking countries, but also in England, Spain, Italy and Russia, among others (Laforte, Catalogue… IV, p. 194). The oldest written French version is dated 1724, but it is possible that the song existed in other languages long before then. Whatever its origin may be, in French folklore the song is truly a masterpiece of traditional lyric poetry. Barbeau (En roulant ma boule, p. 732) mentions that 19th century French literary scholars had difficulties accepting the fact that folk culture could produce such fine poetry.
In his study of the song, Coireault mentions that it is one of the rare French folksongs to include supernatural elements. The song is enumerative, telling of an amorous pursuit where the girl goes through many successive metamorphoses in order to escape from her pursuer. An interesting comparison can be made between this song and the folktale entitled "The sorcerer's apprentice" (international tale type no. 325), in which the hero undergoes a series of metamorphoses during a pursuit.
In the version presented here, the girl has the last word, but there are cases where it is the suitor who ends by saying that he will open the gates of Heaven to his true love, who has become transformed into an angel (see Barbeau, Jongleur Songs…, p. 48).
The song has been published many times, having been collected all over French Canada and also among Franco-Americans.
Versions publiées/Published versions: BARBEAU, Alouette, p. 118-119; BARBEAU, En roulant ma boule, p. 731-733 ; BARBEAU, Jongleur Songs…, p. 46-52; CANTELOUBE, p. 81-82; CHIASSON et BOUDREAU, 3e série, p. 50; CORMIER, p. 39-41; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 194-195; GAGNON, p. 137-141; C. GAUTHIER, p. 42-43; LEMIEUX, Folklore, p. 12-13; MARIE-URSULE, p. 295-296; MILLS, p. 50-51; PEACOCK, v. 3, p. 788-789; WHITFIELD, p. 34-36.
Disque/Record: MARTIN CARTHY, Fontana.
Etude/Study: COIREAULT, p. 487-519.
________________________________________________________________________

Notre grand-père Noé
Informatrice / Informant: Mme Stanislas Pothier, Pubnico-ouest, 11 août 1948. Laforte : (IV-N-8)

C'était Dominique Noé
Syrien de la ville,
Gros et gras et haut perché,
Se croyait habile.
Il se fit faire une auto
Pour aller vendre des chapeaux
Qui fait son, son, son
Qui fera, ra, ra
Qui fait son, qui fera
Qui fait son racage
Pendant son voyage.

Bien que cette chanson locale soit seulement connue à Pubnico, elle emprunte la forme et la mélodie de Notre grand-père Noé, une chanson énumérative assez répandue dans la tradition acadienne. On en a retrouvé des versions françaises remontant jusqu'en 1717 (Laforte, Catalogue… IV, p. 245). La chanson débute ainsi : Vive notre grand-père Noé / Patriarche digne! / Dieu nous l'avait conservé / Pour planter sa vigne. / Il se fit faire un bateau / Qui fut son, son, son, / Qui fut son re, re, / Qui fut son refuge / Pendant le déluge.
Les chansons comiques ou satiriques utilisent très souvent des airs connus. Ici, le fait que la personne nommée dans la chanson s'appelle Noé peut expliquer le choix de l'air de la chanson. Dominique Noé était un colporteur (que l’on nommait ''peddleux") d’origine syrien qui vendait des chapeaux dans la région de Pubnico. Le colporteur syrien était jadis un personnage très familier dans les provinces Maritimes.

**************************************************************************************

This locally composed song, though known only in Pubnico, borrows the form of a well known enumerative song entitled Notre grand-père Noé. Texts of this light-hearted song about Noah’s Ark dating back as far as 1717 have been found in France (Laforte, Catalogue… IV, p. 245).
Humorous or satirical songs often borrow familiar tunes. Here, the name "Noé" ex-plains the choice of the song tune. Dominique Noé was a Syrian peddler who sold hats in the vicinity of Pubnico. The Syrian peddler was formerly a familiar character in the Maritimes.
Versions publiées/Published versions: CHIASSON et BOUDREAU, 7e série, p. 41; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 180-181; LAFORTE et ROBERGE, p. 97-101; MASSIGNON, no. 46.
________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Chantons une chanson bien drôle
Informateur / Informant: Peter Chiasson, Grand-Étang, 1944. Laforte : Habillé en diable (II-C-37)

Chantons une chanson bien drôle composée sur un sergent. Un meunier pauvre et vulgaire s'est fait aimer de la belle ; C'est ça ce qui a mis le sergent enragé hors de ses sens.

Par un soir, le meunier part pour aller voir sa bonté.
Le sergent s'est emmasqué d'un masque noir avec des cornes ;
Il s'en a été se cacher là où il devait passer.

Par un soir, le meunier part pour aller voir sa bonté.
Le sergent lui a-t-appliqué un bon sifflet dans le visage, Faisant des cris, des hurlements comme un esprit malfaisant.

Le meunier saisi de crainte, ah, il fit un grand signe de croix.
Il faisait noir, il voyait pas, il s'écria hors d'haleine:
"Si tu viens de la part de Dieu, parle-moi donc dans ce lieu.

-Non! dit-il, je ne suis le diable griffeur de ces jeunes gens.
Je t'y poursuis depuis longtemps pour t'y donner la salade.
Si tu n'y quittes pas tes amours, je m'en vais t'y rompre le cou".

Alors, le meunier se penche pour ramasser-t-une pierre.
Dans sa main, il prit son sabot, lui a donné par la tête.
Là, le sergent est tombé mort sans pouvoir dire un seul mot.
Cette chanson plutôt humoristique est assez rare et ne semble pas exister en dehors du Canada, où elle a été trouvée en Acadie et au Québec. La chanson se termine le plus souvent par un commentaire de la part du chanteur qui dit que l'enfer sera bientôt vide s'il suffit d'un coup de sabot pour tuer un diable.

**************************************************************************************

This rather humorous song tells of an officer who disguises himself as a devil and tries to scare a miller who has robbed him of his sweetheart, but with tragic consequences. The song is quite rare and doesn't seem to exist outside of Canada. It most often ends with a comment on the part of the singer who says that Hell will soon be empty if a simple kick can kill a devil.
Versions publiées/Published versions: BARBEAU, Le roi boit, p. 545-552 ; CHIASSON et BOUDREAU, 5e série, p. 6; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 87-88; M. et R. d'HARCOURT, Chansons folkloriques, p. 283.

________________________________________________________________________

Deux beaux canards
Informateur / Informant: Peter Chiasson, Grand-Étang, 1944. Laforte : Les trois beaux canards (I-B-7)

Derrière chez nous y a-t-un étang,
Non, tu n'auras pas, gai, gaiment,
Deux beaux canards s'en va baignant,
Tout le long de la rivière,
Yes, to be sure, to be sorry,
Il faisait noir hier à soir,
Vous m'entendez guère,
Non, tu n'auras pas de ma bergère,
Non, tu n'auras pas, gai, gaiment.

Deux beaux canards s'en va baignant,
Y en a-t-un noir, et un tout blanc.

Y en a-t-un noir, et un tout blanc.
Le fils du roi s'en va chassant,

Le fils du roi s'en va chassant,
Avec son fusil d'or et d'argent.


Avec son fusil d'or et d'argent,
Visa le noir, tua le blanc.

Visa le noir, tua le blanc,
Fils du roi, tu es méchant!

Fils du roi, tu es méchant
D'avoir tué mon canard blanc.

D'avoir tué mon canard blanc,
Que tous les plumes s'en vont au vent.

Que tous les plumes s'en vont au vent,
Trois dames s'en va les ramasser.

Trois dames s'en va les ramasser,
C'est pour en faire un lit de camp.

C'est pour en faire un lit de camp,
C'est pour coucher tous les passants.

Cette chanson en laisse est celle qui a été recueillie le plus souvent au Canada français, avec un total de plus de 260 versions (Laforte, Catalogue… I, p. 18-46). Déjà en 1947, Marius Barbeau avait pu regrouper 92 versions dans une étude comparative. Barbeau dit que l'origine de la chanson ne remonte pas plus loin que le XVe siècle. Il dit qu'elle fut l'œuvre d'un « jongleur », un espèce de barde populaire. Il croit que les chanteurs canadiens ont conservé très fidèlement les vers de la laisse épique, préservant l'intégrité du poème initial. On s'aperçoit, en effet, que, dans les différentes versions, les vers de la laisse se retrouvent de façon presqu'identique. Ces vers peuvent cependant être accompagnés d'une multitude de refrains différents. Aucune autre chanson n'a été retrouvée au Canada avec une plus grande variété de refrains et de mélodies. Un grand nombre de refrains semblent avoir été composés au Canada, dont plusieurs, à cadence rapide, ont rapport à la vie des canotiers, indiquant la popularité de la chanson chez les "voyageurs". Le mieux connu est sans doute celui que l'on appelle "En roulant ma boule" (voir Barbeau, Jongleur Songs…).
La version présentée ici comporte un refrain particulièrement long et dont le rythme est rapide et dansant. Celui-ci a aussi la particularité d’être bilingue. Il semble être de composition acadienne car on retrouve des refrains semblables dans d'autres chansons recueillies aux Maritimes.

**************************************************************************************

Of all the folksongs of French Canada, this is the one that has been collected the most often, with over 260 versions (Laforte, Catalogue… I, p. 18-46). In 1947, Marius Barbeau was already able to gather 92 versions in a comparative study. Barbeau says the song originated no earlier than the 15th century. He says it was composed by a "Jongleur", a type of popular bard. Barbeau believes the words of the song were faithfully passed on by singers in Canada, and that the integrity of the initial poem was thus preserved. By comparing different versions, one notices in fact that the verses are almost identical in each case. These verses can, however, be accompanied by a multitude of different refrains. No other traditional song in Canada has been found with such a great variety of melodies and refrains, many of the more rhythmic of which refer to paddling, indicating the popularity the song enjoyed among French Canadian ''voyageurs". The best known refrain associated with this song is without doubt the one called "En roulant ma boule" (see Barbeau, Jongleur Songs...).
The version presented here has a particularly long refrain, with a quick and lively rhythm. This bilingual refrain is unusual. It seems to be of Acadian origin, as similar refrains have been found in other songs collected in the Maritimes.

Versions publiées/Published versions: BARBEAU, Alouette, p. 38-39; BARBEAU, En roulant ma boule, p. 13-21; BARBEAU, Jongleur Songs, p. 97-102; BARBEAU, Romancero…, p. 151; BAILLARGEON, p. 147-148; CANTELOUBE, p. 123, 131, 137-138; CHIASSON, Tout le long…, p. 51; CHIASSON et BOUDREAU, 3e série, p. 7-8; 11e série, p. 29; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 39-40; DAIGNAULT, Vive le compagnie, p. 42-43, 60-61; DAIGNAULT, 51 chansons, p. 117-118; DESPRES, p. 54; FERLAND, p. 85, 90-91; FOWKE, p. 64-65; GAGNON, p. 12-23; LAFORTE, Chansons de facture…, p. 130-132; LEMIEUX, Chansons II, p. 8-9, 12-13; MILLS, p. 68-69.

Disques/Records: BAILLARGEON et MILLS, Duet Songs…, Folkways; BAILLARGEON et MILLS, Folk Songs of Acadia, Folkways; JACQUES LABREQUE, Folkways; WADE HEMSWORTH, Folkways; ALAN MILLS, Folkways.

Etudes/Studies: BARBEAU, "Trois beaux canards", Les Archives de Folklore, vol. 2, p. 97-138; D'HARCOURT, "Analyse des versions musicales canadiennes des 'Trois beaux canards' ", Les Archives de Folklore, vol. 4, p. 129-136.

_____________________________________________________________________________
Le petit bossu
Informatrice / Informant: Mme Henri Pothier et Mme Laure McNeil, Pubnico-ouest, 1948. Laforte : Quand la bonne femme va (IV-Ka-5)

Quand le petit bossu va chercher de l'eau,
Il n'y va pas sans ses deux seaux.
"Donnez-moi de l'eau pour mes deux seaux
Non, non, non, je n'ai jamais vu
Rien de plus résolu que le petit bossu.

Cette chanson énumérative est rare autant en France qu'au Canada. Ici, une seule strophe a été retenue, ce qui laisserait croire qu'il s'agit d'une chanson brève. Il existe cependant des versions beaucoup plus longues. Le personnage dans la chanson est le plus souvent une boiteuse et non un bossu. La version publiée Ferland, par exemple, comprend cinq strophes, où une boiteuse va d'abord à l'eau, ensuite au lait, au bois, au pain et enfin au lit. Dans En roulant ma boule, Barbeau publie deux versions où la boiteuse finit soit par aller « au lit avec son mari » ou « au rhum avec son bonhomme ». Aussi, le refrain ressemble généralement à ceci: "N'a-t-on jamais vu une boiteuse aussi joyeuse / N'a-t-on jamais vu une boiteuse aussi jolie" (M. et R. d'Harcourt, p. 384).
**************************************************************************************

This enumerative song is rare, both in France and in Canada. Although only one verse is sung here, some much longer versions exist. The woman mentioned in this nonsense song is usually described as being lame rather than a hunchback.
The version published by Ferland includes five verses, where a lame woman goes first to fetch water, then milk, wood, bread, and finally goes to bed. Barbeau, in En roulant ma boule, includes two examples of the song. In one, the woman ends by going to bed with her husband, while in the other she goes to fetch some rum with her “bonhomme”.

Versions publiées/Published versions: BARBEAU, En roulant ma boule, p. 461-463; BARBEAU, Quebec…, p. 119; CHIASSON et BOUDREAU, 6e série, p. 59; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 200; FERLAND, p. 12-13; M. et R. d'HARCOURT, Chansons folkloriques, p. 384-385.

Disque/Record: ED & BEE DESHOTELS, Swallow.

_______________________________________________________________________________________________________
La Belle Hélène
Informatrice / Informant: Mme Henri Pothier, Pubnico-ouest, 1948. Laforte : Le capitaine tué par le déserteur (II-A-45)

Je me suis engagé pour l'amour d'une brune.
C’est pas pour l'anneau d'or que je lui ai donné,
Mais c’est pour un doux baiser que la belle m'a refusé.

Dans mon chemin faisant, rencontre mon capitaine.
Il m'a dit: « Mon ami, où vas-tu par ici?
-Là-bas dans ces vallons, loin de ma garnison."

Là-bas dans ces vallons, là-bas dedans ces plaines,
J'ai mis mon habit bas, j'ai pris mon sabre en main,
Je me suis battu là comme un brave soldat.

Du premier coup frappa, tua mon capitaine.
Mon capitaine est mort, et moi je vis encore.
Avant qu'il soit trois jours, ça sera-z-à mon tour.

Celui qui me tuera sera mon camarade.
Qu'il me bande les yeux avec un mouchoir bleu;
Qu'on me faise mourir plutôt que de languir.

Que l'on prenne mon cœur dedans une serviette.
Qu'on l’apporte à Paris devant ma chère amie;
Sitôt qu’elle le verra, son cœur repentira.

Soldats de mon pays ne dites pas à ma mère,
Dites-lui seulement que je me suis engagé
A bord des Hollandais, qu'elle me voira jamais.

La chanson du capitaine tué par le déserteur est répandue autant au Canada qu’en Europe. Elle est particulièrement bien connue dans le nord-est du Nouveau-Brunswick, où une vingtaine de versions ont été enregistrées. Dans la version présentée ici, la première strophe est cependant étrangère à la chanson. Normalement, on ne mentionne pas que le soldat s'est engagé après s'être fait refuser un baiser, mais on dit clairement au début qu'il est un déserteur:
« Un jour l'envie m'a pris / De déserter de France. / Dans mon chemin j'ai rencontré / Ma charmante beauté; / Je me suis arrêté; / C'était pour lui parler » (Gagnon). Une autre version recueillie à Pubnico comprend les paroles suivantes après la 4e strophe : « On m'y prend-z-on m'y mène derrière la citadelle / Mon procès fut jugé d'avoir le poing coupé / Et la tête écrasée pour avoir déserté ». A la fin de la chanson, on dit le plus souvent que la belle pleurera et non qu'elle se repentira. Dans le dernier vers, cette version-ci a retenu le mot « Hollandais » qui est parfois remplacé par « Irlandais » dans les versions acadiennes.
**************************************************************************************

The song about the captain killed by a deserter is common both in Canada and in French speaking Europe. It is especially well known in North-Eastern New Brunswick, where it has been collected at least twenty times. In the version presented here, the first stanza is quite different from the one normally found. In other versions, such as the well known one published by Gagnon, it is not said that the soldier enlisted after having been refused a kiss; instead, he is clearly introduced as a deserter. A different version recorded in Pubnico includes a stanza where the soldier is sentenced to death for murder. Also, the song usually ends with the girl stating that she will cry and not that she will repent. It is interesting that this version retains the word ''Hollandais" in the last verse, while in most Acadian versions it is replaced by "Irlandais".

Versions publiées/Published versions: CANTELOUBE, p. 57; CHIASSON et BOUDREAU, 7e série, p. 55; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 116-117; GAGNON, p. 168-169; LAFORTE et JUTRAS, p. 362-369; MACMILLAN, vol. 2, p. 867-872; Musique acadienne…, p. 22.

Disque/Record: Folk Music from Nova Scotia, Folkways.



________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

J'ai cueilli la belle rose
Informatrice / Informant: Mme Laura McNeil, Pubnico-ouest, 1955. Laforte : La belle rose (I-G-8)

J'ai cueilli la belle rose,
J'ai cueilli la belle rose,
La la la la la la la la,
La belle rose,
La la la la la la la la,
La belle rose du rosier blanc.

Nous avons inclus cette chanson à cause de la beauté de sa mélodie, bien qu’il ne s’agisse que d’un fragment d'une chanson en laisse beaucoup plus longue, dont le refrain est: La belle rose / la belle rose du rosier blanc. La version publiée par Gagnon comprend les vers suivants:

"Je l'ai porté, chez mon père, / Entre Paris et Rouen,
Je n'ai pas trouvé personne / Que le rossignol chantant
Qui me dit dans son langage: / Marie-toi, car il est temps,
-Comment veux-tu que j' m'y marie? / Mon père en est pas content,
Ni mon père, ni ma mère, / Ni aucun de mes parents,
Je m'en irai en service, / En service pour un an,
Combien gagnez-vous la belle, / Combien gagnez-vous par an?
Cinq cents livres en argent blanc. / Je gagne bien cinq cents livres,
Venez avec nous, la belle, / Nous vous en donnions six cents".

La chanson a des origines anciennes. Laforte mentionne une version publiée en France en 1633 (Laforte, Catalogue… I, p. 217). Comme beaucoup d'autres anciennes chansons, elle comprend des termes qui peuvent être symboliques, le tablier blanc représentant la pureté et la rose, l’amour. On parle souvent de roses ou de rosiers dans les refrains de chansons populaires et il arrive que le début de la chanson devienne le refrain d'une nouvelle chanson. Cela expliquerait peut-être la brièveté de la version publiée ici, la chanteuse l'avant possiblement apprise comme refrain. Elle avoue d'ailleurs avoir substitué les syllabes « la la la » aux mots « je l'ai mis dans mon tablier blanc » dont elle ne se souvenait plus.

We have here only a fragment of a much longer song. Laforte mentions one version published in France in 1633 (Laforte, Catalogue, I, p. 217). Like many other ancient songs, it includes terms that may have symbolic meaning, the white apron representing purity, and the rose, love. Roses and rosebushes are often mentioned in the refrains of traditional songs and the first few lines of this one sometimes make up the refrain in other songs. This may explain why the version presented here is so short, the singer having perhaps learned it as a refrain. After picking the rose, the girl normally puts it in her white apron, but here, the singer simply sings “la la la”, as she couldn’t recall the following verse at the time of the recording.

Versions publiées / Published versions: BAILLARGEON, p. 57-58; BARBEAU, Romancero..., p. 233; BRANDON, v. 2, p. 73-74; CHANTELOUBE, p. 52; CHIASSON et BOUDREAU, 2e série, p. 23; 6e série, p. 53; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 6-7; DAIGNAULT 51 chansons, p. 29-30; DESPRES, p. 80; GAGNON, p. 87-89; FOWKE, p. 40-41; LAFORTE, Chansons de facture…, p. 423-426; MACMILLAN, v. 1, p. 456-458.

________________________________________________________________________

Le cou de ma bouteille
Informateur / Informant: Thomas Doucet, Grand-Étang, 1944. Laforte : Le cou de ma bouteille (II-Q-19)

Le matin quand je m'y lève,
Je mets la main sur le cou,
Sur le cou de ma bouteille.
Je lui fais faire glou, glou, glou.
Ma femme jure et elle tempête
Quand je veux la caresser;
Mais moi, qui est si sévère (1)
Je ne peux m'en empêcher.

Si je meurs, que l'on m'enterre
Dans la cave où est le vin.
Les pieds contre la muraille
Et la tête sous-r-un robin. (2)
Si on veut quelques gouttes,
Ca sera pour m'y rafraîchir.
Mais si le baril débouche,
J'en boirai-t-à mon loisir.

Les quatre plus grands-t-ivrognes
Porteront les coins du drap.
Et le reste des ivrognes
Chanteront le "Libera".
Ils diront les uns-t-aux autres:
"Mettons-nous à deux genoux.
Boira-t-il dans l'autre monde
Comme il faisait avec nous?"

(1) L'informateur a probablement oublié le vers "Mais quand j'ai un coup en tête," et lui a substitué celui-ci.
(2) On chante normalement « la tête sous un robinet ».

On a ici une chanson à boire d'origine française qui est bien répandue autant au Canada français qu'en Louisiane. Laforte (Catalogue… II) fait mention d'une version française datée de 1658. Cette chanson ressemble à celle qui est bien connue intitulée "Chevaliers de la table ronde" car on trouve dans l'une comme dans l'autre une description de l'enterrement d'un buveur. Helen Creighton a aussi recueilli une version chantée par Allan Kelly qui diffère de celle-ci au point du vue rythmique. La sienne comprend un refrain en forme de "reel à bouche," plus rapide et plus rythmé que les autres vers. On trouve cette même caractéristique dans plusieurs versions acadiennes de la chanson.
Lors de la soirée enregistrée chez Moïse Chiasson, Helen Creighton note que Madame Chiasson, l’épouse de Moïse, aimait accompagner Thomas Doucet lorsqu’il chantait. Cela explique donc la voix féminine entendue sur l’enregistrement.
**************************************************************************************

We have here a French drinking song that is well known in both Louisiana and in French Canada. Laforte (Catalogue… II) mentions a French version dated 1658.
This song resembles the well known one entitled "Chevaliers de la table ronde" because both contain a description of the burial of a drinker. Helen Creighton also recorded a very different version sung by Allan Kelly, whose refrain consists of "diddling" a very quick tune while using both feet to mark the rhythm. This same characteristic is found in many Acadian versions of the song.
Helen Creighton commented that during the singing recorded at Moïse Chiasson’s home, Mrs. Chiasson would join in when Thomas Doucet began a song. This explains the woman’s voice heard in the background.

Versions publiées/Published versions: ADAM, p. 54-55; BRANDON, p. 104-105; CHIASSON et BOUDREAU, 4e série, p. 37; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 108-109; DESCHÊNES, p. 154; FERLAND, p. 96-97; MARIE-URSULE, p. 317-318; POUINARD, vol. 2, p. 88.

Disque/Record: Allan & Léontine Kelly, Suivant l'étoile du nord, CEA.

_______________________________________________________________________________________________________________________________________________

Dans les prisons de Nantes
Informateur / Informant: Peter Chiasson, Grand-Étang, 1954. Laforte : Le prisonnier de Nantes (I-B-17)

Dans les prisons de Nantes,
Tra-la-la, tra-la-li, la-la-la,
Dans les prisons de Nantes,
Il y a-t-un prisonnier. (bis)

Que personne va voir-e
Que la fille du geôlier

Un jour il lui demande:
"Qu'est-ce que l'on dit de moi?

Le bruit court dans y la ville
Que demain vous mourrez.

Ah! s'il faut que je meure,
Ah! déliez-moi les pieds".

La fille encore jeunette,
Lui a délié les pieds.

Le garçon fort alerte
Dans la mer s'est jeté.

A la première plonge,
Dans la mer s'est jeté.

A la deuxième plonge,
La mer a traversée.

Quand il fut sur ces îles,
Il se mit à chanter:

"Que Dieu bénisse les filles,
Surtout celle du geôlier"!

Cette chanson en laisse d'origine française est très répandue en Acadie et au Québec. Elle semble avoir été une des chansons traditionnelles les mieux aimées au Canada français et elle a fait partie du répertoire des canotiers. La chanson a conservé sa popularité aujourd'hui puisqu’elle a été endisquée à plusieurs reprises.
Au Canada, la chanson s'intitule souvent "Dans les prisons de Londres", mais ici on a gardé le mot « Nantes » que l’on trouvait à l'origine dans les versions chantées en France. Aussi, dans plusieurs versions canadiennes, le refrain est un reel à bouche au rythme rapide et non le doux « tra la la ». A la fin de la version présentée ici, le prisonnier libéré témoigne de sa reconnaissance envers la fille qui l’a sauvé, mais dans une autre que Helen Creighton a recueillie à Pubnico-ouest, il conclut ainsi: "Si je retourne à Nantes / Oui je l’épouserai ».
**************************************************************************************

This song is found throughout French Canada. It seems to have been a favourite both in Acadia and Québec. It was once used as a paddler's song, and it has kept its popularity today thanks in part to recent commercial recordings.
In most Canadian versions, the song refers to London rather than Nantes, but here the singer has kept the original name as originally sung in France. Also, in many French Canadian versions, a very rhythmic diddling tune is used as a refrain, rather than the softer “tra la la” found here. At the end of Peter Chiasson’s version, the freed prisoner expresses his thankfulness toward the girl who saved him, while in a version Helen Creighton collected in West Pubnico, he says that if ever he returns to Nantes, he will marry her.

Versions publiées/Published versions: BARBEAU, Jongleur Songs, p. 122-125; Le Rossignol, p. 199-201; CHIASSON et BOUDREAU, 3e série, p. 16; CHIASSON, Tout le long…, p. 17; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 9-11; CREIGHTON, Maritime Folk Songs, p. 170; DAIGNAULT, 51 Chansons, p. 44-45, DESCHÊNES, p. 207-208; GAGNON, p. 26-28; M. & R. D'HARCOURT, p. 304-305; LAFORTE, Chansons de facture…, p. 159-160; PEACOCK, vol. 1, p. 183-184.

Disques/Records: Folk Songs of Acadia, Folkways; Acadie et Québec, RCA; Chansons folkloriques du Canada, RCA; Chants à répondre et à danser, Le Chant du Monde; Raoul ROY, Select.

________________________________________________________________________

Combien de fois j'ai vu la belle Rose
Informateur / Informant: Léo Poirier, Grand-Étang, 1944. Laforte : Le berger infidèle regretté (II-F-19)

Combien de fois j'ai vu la belle Rose
Que l'on dit qu'elle gardait son troupeau,
J'ai entendu z-en travers les nuages:
« L'ami que j'aime veut s'éloigner de moi.

-T'en souviens-tu, sous la verte fougère,
Tu m'as promis de n'aimer plus que moi?
Mais à présent, tu es donc plus le même,
Tu es changé, tu veux donc plus m'aimer?

Quand tu seras loin, pense à celle qui te parle,
Lorsque c'est moi qui tiens tous tes serments,
Tous tes serments sont des peines sur mon âme,
Dessus ma foi, elles s'effaceront jamais.

Quand tu seras loin, pense à celle qui t'honore,
Tout est fini, nos beaux jours sont passés,
Et moi je vais rester seule dans la peine,
Toi, tu t'en vas au comble de tes joies! »

Voici l'une des nombreuses chansons d'amour racontant les peines d'une jeune fille abandonnée par son ami. La chanson semble être mieux connue chez les Acadiens que chez d'autres groupes francophones. La plupart des versions commencent ainsi: "Combien de fois j'ai vu la belle aurore".
*************************************************************************************

This is one of the numerous love songs that tell of the sadness of a young girl abandoned by her suitor. The song seems to be more common among Acadians than elsewhere in the French speaking world.

Versions publiées/Published versions: CHIASSON et BOUDREAU, 2e série, p. 35 ; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 50.

______________________________________________________________________________
La maladie de la femme
Informatrice / Informant: Mme Henri Pothier, Pubnico-ouest, 1948. Laforte : La maladie de la femme qui boit (I-F-10)

Quand le mari revient du bois, (bis)
Trouva sa femme malade
Ah oui da ha ha
Trouva sa femme malade.

"Ah, qu'av’-vous donc, ma pauvre femme?
J'ai un très grand mal-e de tête.

Qu'on aille chercher le médecin
Qu'y vienne guérir ma femme"!

Quand le médecin fut venu,
Connut la maladie.

"Qu'on mette de l'eau dans son vin,
Demain elle sera guérie".

Quand le lendemain fut venu,
La femme elle était morte.

"Que le diable l'emporte le médecin!
Il a tué ma femme."

Cette chanson en laisse a un ton léger malgré son sujet tragique. Le traitement prescrit par le médecin suggère que la femme souffrait d’ivrognerie. La chanson a souvent été recueillie en France mais au Canada elle est plus rare. La version présentée ici a un refrain très bref, ne comprenant que quatre syllabes. Elle se distingue aussi par sa conclusion, où le mari dit simplement: "Que le diable l'emporte, le médecin!" Dans une autre version recueillie à Pubnico, il dit: "Il faut tuer le médecin / Il a fait mourir ma femme" (Laforte, p. 378).
**************************************************************************************

This is a light-hearted song, despite its tragic subject. The doctor’s fatal treatment of the wife’s ailment suggests that she was a drunkard. It has often been collected in France, but in Canada it is quite rare. The version published here has a very brief refrain, comprised of only four syllables. It also has an unusual ending, where the husband says “To hell with the doctor!” In another version collected in Pubnico, he ends by saying that the doctor must be killed for causing the death of his wife (Laforte, p. 378).

Versions publiées/Published versions: BARBEAU, Le roi boit, p. 329; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 29; LAFORTE, Chansons de facture…, p. 378-379; LARUE, Les chansons populaires, p. 361; Musique acadienne…, p. 16.
______________________________________________________________________________

Chanson sur la mort de la Dauphine
Informatrice / Informant: Mme Sephora Amirault, Pubnico-ouest, 1951. Laforte : La mort de la Dauphine

Gémissez Français au partage et au regret
D'un Dauphin charmant, humble, puis tendre de seize ans.
Se voyant séparé de sa chère moitié,
Non pas pour un moment mais pour une éternité.
On peut bien dire assurément qu’ils s’aimoint tendrement.

Appuyé sur son lit, ce charmant Dauphin lui dit:
"Or adieu pour toujours cher objet de mes amours,"
L'arrosant de ses pleurs en lui disant: "Mon coeur
Que je puisse mourir pour vous suivre en paradis!
Oh non, je n'ai plus de plaisir dans ce monde aujourd'hui.

-Or adieu cher mari, oh, je vois qu'il faut mourir.
Ne vous alarmez pas voyant l'heure de mon trépas.
On a besoin de vous, ô mon très cher époux.
Mon regret, le plus grand, c'est de vous laisser sans enfants
Qui puissiont porter le nom de l'illustre Brabon.

Adieu, cher Papa, roi de France; je m'en vais;
Prions Jésus-Christ qu'il me place en Paradis.
Adieu, frères et sœurs, princesses et seigneurs,
Et tous mes plaisirs de Versailles et de Madrid,
Et ma très chère maman que j'aimais tendrement."

Oh mère chérie, les moments de notre vie
Sont changés à la mort. Pour nous, quel funeste sort!
Vous nous avez charmés de votre beauté.
Avant de nous quitter, nous en sommes toutes prosternés.
De ce fatal-e moment de votre monument.

Princesses et seigneurs et toutes les dames d'honneur
Qui se fondiont en pleurs toutes pénétrés de douleur,
Ça leur perçait le cœur de voir mon Seigneur.
Oh, qu'on a pu penser quand ce qu'il l'a vue trépasser,
Il se jeta sur son corps et tomba demi-mort.

Le roi, voyant son fils avec le cœur si contrit,
A voulu le consoler, mais il n'a pu s'empêcher
Lui-même de pleurer la reine à son côté,
Qui se fondait en pleurs suivre des dames d'honneur
Disant: "Maman, tout est perdu, la Dauphine n'y est plus."

Dis-moi, fatale mort, oh, dis-moi n'as-tu pas tort
De nous avoir ôté une princesse si aimée?
Par un coup de ta faute tu l'as mis au tombeau,
Tu nous ôtes en ce jour les agréments de la cour.
Et maintenant, n'as-tu pas tort de l'avoir mise à mort.

Ne pouvais-tu pas y retarder son trépas
Sans lui lancer le coup de ton funeste courroux?
Faut-il pour un enfant, à l'âge de quinze ans,
Qu'il soit privé de nous, ce que nous regrettons tous?
Ah! que cet enchantement nous cause du tourment.

Je suis en effet invisible à cet endroit;
Je me crois éloigné de chacun je suis auprès;
Oh, quels honnêtes gens dedans ce châtiment!
Oh! que tout prenne fin malgré puissance et moyens!
Tout est mis au même rang le riche et l'indigent.

Voici une ancienne chanson historique qui raconte avec beaucoup d'émoi la mort d'une Dauphine de France. La chanson était déjà très rare en 1923 lorsqu’E.-Z. Massicotte publia une version qu’il avait recueillie d’un Montréalais né en 1850. Selon Massicotte, on la chantait jadis avec respect et émotion, comme s’il s’agissait d’un cantique. La version qu'il a publiée ne comprend que six strophes, alors que celle chantée à Pubnico que nous reproduisons ici est plus complète.
La chanson semble se référer à la triste histoire de Marguerite d’Écosse ou Margaret Stewart, fille du roi Jacques Ier de l’Écosse, née en 1424. Elle contracta à l’âge de 11 ans un mariage malheureux avec le dauphin Louis, futur roi Louis XI et fut malheureuse jusqu’au moment où elle mourut dans une profonde mélancolie à l’âge de 20 ans. La complainte présente un dauphin gravement attristé par la mort de sa femme, alors que l’histoire rapporte que le mariage n’avait été qu’un long conflit dont la Dauphine sa libéra par la mort. Dans les autres versions consultées, la Dauphine regrette mourir sans laisser d’enfants qui porteront le nom du Duc de Bourbon ou de l’illustre Bourbon, alors qu’ici on dit « l'illustre Brabon ». Il existe dans la Bibliothèque nationale de Pays-Bas (Koninklijke Bibliotheek) un manuscrit de la Complainte sur la mort de la Dauphine datée d’environ 1470.

**************************************************************************************

This is a rare French historical ballad that gives a very emotional account of the death of a Dauphine. The song was already rare in oral tradition in 1923 when E.-Z. Massicotte published his version collected from a Montrealer born in 1850. Massicotte wrote that it was once sung with such reverence that it may have been mistaken for a canticle. The version he presented is not nearly as complete as the one sung in Pubnico, having only six stanzas.
The ballad seems to refer to the sad story of Margaret Stewart, daughter of King James I of Scotland. Born in 1424, at the very young age of 11 she contracted an ill-fated marriage with the Dauphin Louis, future Louis XI of France. She progressively fell into a profound melancholy and died at 20 years of age. The ballad presents a Dauphin who is heart-broken at the death of his wife. History suggests in fact that the spouses knew only bitter conflict until 1465, when death released Margaret from her marriage bonds. A manuscript of the ballad dating from approximately 1470 is contained in the National Library of the Nethelands (Koninklijke Bibliotheek).

Versions publiées/Published versions: CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 128-130; MASSICOTTE, p. 40-41.

________________________________________________________________________

Berce ton petit bébé
Informatrice / Informant: Mme Louis Amirault, Pubnico-ouest, 11 août 1948. Laforte : Berce ton petit bibi (V-A-40)

Berc' ton petit bébé,
Ton berceau est vert.
Ton père est un gentilhomme,
Ta mère est la reine.

Je crois que c'est une dame,
Parce qu'elle porte un jonc d'or.
Oh! Johnny, sonne du tambour,
Du tambour pour le roi.

Berce ton petit bébé,
Ton berceau est vert.
Ton père est un gentilhomme,
Ta mère est la reine.

Celle-ci est la seule version connue de cette belle berceuse dont les paroles suggèrent une origine française ancienne.
**************************************************************************************

This is the only known version of this pretty lullaby. The words suggest that the song probably dates from pre-revolutionary France.

Version publiée/Published version: CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 213.

________________________________________________________________________

Dors, dors le petit bébé
Informatrice / Informant: Mme Laura McNeil, Pubnico-ouest, 3 août 1948. Laforte : Dors le petit bibi (V-A-39)

Dors, dors, le petit bébé,
C'est le beau petit bébé à maman,
Dors, dors, dors, dors,
Dors, dors, le bébé à maman.

Demain, si i’ fait beau, j'irons su' grand-père,
Dors, dors, le petit bébé,
Dors, dors, dors, dors,
Dors, le beau petit bébé à maman.

Cette très belle berceuse ne semble pas avoir été recueillie en dehors de l'Acadie, où elle est connue surtout à Pubnico. Laforte (Catalogue… V) liste plusieurs enregistrements de cette berceuse faits auprès de Laure Irène McNeil par des chercheurs comme Luc Lacourcière, Gaston Dulong et Carmen Roy entre 1959 et 1962. Geneviève Massignon a aussi enregistré des chansons à Pubnico en 1961 et elle accorde une place spéciale aux « Berceuses de Pubnico » dans son recueil de folklore acadien. Lors des occasions où Madame McNeil chanta des berceuses à Helen Creighton, elle expliqua que les mères pouvaient ajouter des paroles pour prolonger la chanson si leur bébé ne dormait pas encore. Parfois, elles fredonnaient l’air en plus de la chanter. Les petites filles apprenaient les berceuses de leurs mères et elles les chantaient à leurs poupées, ce qui les aidait à les retenir dans la mémoire.

**************************************************************************************

This beautiful lullaby seems to have been found only in Acadia, where it is known especially in the Pubnico area. Laforte (Catalogue… V) lists several recordings where Laure Irène McNeil sang it to researchers such as Luc Lacourcière, Carmen Roy and Gaston Dulong, all during a period from 1959 to 1962. Geneviève Massignon also recorded singers in Pubnico in 1961, and her book of Acadian songs contains a small section highlighting the lullabies she collected there. Mrs. McNeil commented to Helen Creighton that when mothers sang these lullabies, they would add improvised verses to them until the children fell asleep. They would also sometimes hum the tunes. Little girls would learn the lullabies from their mothers and would sing them to their dolls, which helped them remember the songs for later on.

Versions publiées/Published versions: CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 217; CREIGHTON & SIRCOM, Eight Ethnic Folk Songs, p. 10-11; MASSIGNON, Trésors de la chanson, t. 1, p. 232-233.

Disque/Record: Folk Music from Nova Scotia, Folkways.

________________________________________________________________________

Sur le point de partir pour un si long voyage
Informateur / Informant: Pat Aucoin, Grand-Étang, 1944. Laforte : Départ pour un si long voyage – la mort (II-A-55)

Sur le point de partir pour un si long voyage,
J'allais faire mes adieux à la celle que j'aimais.
Ne pleure pas, Marie; sur la blanche colombe,
Tout un secret d'amour qu'elle renfermait.
J'emporterai mes amours avec moi dans ma tombe; (bis)
Jamais que ça me sera dit que nous avions aimé. (bis)

Le monde est si méchant, ce sera-t-un crime
De vivre en attendant d'avoir un autre amant.

Or, adieu donc, la belle puisque faut nous quitter,
J'espère que je nous reverrons tous deux auprès de Dieu.

Les chansons sur le thème du départ sont très nombreuses dans la tradition française. Celle-ci, au scénario confus et peu détaillé, est cependant rare et n’a été retrouvée qu’en Acadie et au Québec. Dans la version publiée par Chiasson, l’amant appelle son amie « blanche colombe », clarifiant ainsi ce détail. Aussi, la seconde strophe est remplacée par la suivante : « Je n’en reviendrai pas; je vais être victime / De la cruelle mort qui s’en vient à grands pas ».
**************************************************************************************

Songs about lovers parting are very numerous in the French song tradition, although this one is rare, and has only been collected in Acadia and Québec. In this version, the narrative is confusing and lacking in detail. Chiasson publishes a version where the lover calls his sweetheart a “blanche colombe”, and where the second stanza refers to the grave dangers he will face during his absence.

Versions publiées/Published versions: CHIASSON et BOUDREAU, 3e série, p. 32; BARBEAU, Le roi boit, p. 399; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 67-68; LAFORTE et JUTRAS, p. 417-418.

_______________________________________________________________________________________________________________________________________________

Le petit panier
Informateurs / Informants: Pat Aucoin, accompagné de Thomas Doucet et Peter Chiasson / accompanied by Thomas Doucet and Peter Chiasson, Grand-Étang, 1944. Laforte : Le petit panier

L'autre jour en m'y promenant le long d'un coulant ruisseau,
Moi, j'ai t-aperçu une belle qui dormait sur son rameau.
Je lui ai pris, oh bien doucement, son, son, son, son tra li la la,
Je lui ai pris, oh bien doucement, son joli petit panier.

La belle se réveille-z-en colère,-z-en me disant: "Quoi ce tu fais là?
-Je croyais bien que tu dormais quand que je t'ai vue couchée là,
Je t'y prenais, oh bien doucement, ton, ton, ton, ton tra li la la,
Je t'y prenais, oh bien doucement, ton joli petit panier.

Oh! la belle, faites-vous pas peur, je suis le fils d'un marchand;
Les marchandises qu'on achète, je les paie argent comptant.
Je suis venu, ah c'est pour acheter ton, ton, ton, ton tra li la la,
Je suis venu, c'est pour acheter ton joli petit panier.

-Mon panier n'est pas à vendre ni pour de l'or ni pour de l'argent;
C'est un gage de ma mère; elle m'a dit: "Garde-le bien."
Oh! elle m'a dit: "Garde-le bien, ton, ton, ton, ton tra li la la,
- Elle m'a dit: "Garde-le bien, ton joli petit panier."

-La bonne mère était une femme-z-une femme qu'a pas de raison;
Quand qu'elle était-z-à ton âge, elle n'en faisait juste autant.
Oh! elle a pas toujours gardé son, son, son, son tra li la la,
Elle a pas toujours gardé son joli petit panier."

Voici un bel exemple d'une chanson comportant des équivoques. Ici on dit que la fille protège son petit panier contre les avances du galant, alors que les paroles de chaque couplet suggèrent qu’elle a autre chose à protéger. Les anciennes chansons racontant des aventures galantes comportent souvent des termes au sens caché ou figuré. Quelques versions de cette chanson d'origine française ont été recueillies au Canada, mais Helen Creighton est la seule à l’avoir publiée.
**************************************************************************************

Here is a good example of a song containing suggestive lyrics. Here, a young girl is protecting her little basket from the advances of a suitor, although the lyrics suggest that in reality she has something else to protect from him. Very old songs telling of amorous adventures often contain words with veiled or symbolic meaning.
This song is of French origin, and although a few versions have been collected in Canada, Helen Creighton is the only author to have published it.

Version publiée/Published version: CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 71-72.

______________________________________________________________________________
Le vieux cheval blanc
Informateur / Informant : Thomas Doucet, Grand-Étang, 1944. Titre suggéré par Laforte : Le cheval mort

C’est mon voisin qu’a venu m’y chercher
Pour son vieux cheval qui était à moitié corvé.
Mon cher monsieur, voilà le meilleur remède
Prends ton verre et puis moi la bouteille.
Buvons un petit coup et affilons nos couteaux;
Dépêchons-nous d’aller y lever la peau.

Informateur / Informant : Peter Chiasson, Grand-Étang, 1957. Titre suggéré par Deschênes : Le cheval mort (VI-A-)

C’est mon voisin qui m’a envoyé chercher
Pour un vieux cheval blanc qu’est à l’extrémité.
Prends ton verre et moi ma bouteille,
Buvons un petit coup, affilons nos couteaux,
Dépêchons-nous d’aller y lever la peau.

« Mon cher voisin, tu t’as laissé aller.
Combien d’hivers t’as été mal hiverné ?

Tu ne traîneras plus ton maître-z-en hiver,
Tous ses capucins et toutes ses valises ».

Cette chanson à boire, qui semble être d’origine canadienne, a seulement été recueillie quelques fois en Acadie et au Québec et aucune autre version n’a été publiée. Bien que les deux se ressemblent au point de vue mélodique, la version de Thomas Doucet a la forme d’une chanson brève sans refrain, alors que dans celle de Peter Chiasson, les trois derniers vers deviennent le refrain d’une chanson à trois strophes.
**************************************************************************************

This is a drinking song about two neighbours who get together to have a drink and to skin an old horse. It seems to be of Canadian origin, and has only been collected a few times in Acadia and Québec. No other published version has been found. Although the two versions presented here have a very similar melody, Thomas Doucet’s one is very brief and has no refrain, while in Peter Chiasson’s version, the last three verses are used as a refrain.

Version publiée/Published version: CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 110.


____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Derrière chez nous
Informatrices / Informants: Mme Henri Pothier et Mme Laura McNeil, Pubnico-ouest, 1948. Laforte : Savez-vous ce qu’il y a (IV-Kb-3)

Derrière chez nous, il y a-t-un beau petit arbre (bis)

Sur ce petit arbre, vous ne savez pas quoi ce qu’il y a (bis)
Y a une branche, une petite branche d'amour, mesdames,
Une petite branche, une petite branche d'amour joli.

Sur cette petite branche, vous ne savez pas quoi ce qu'il y a (bis)
Y a un petit nid, un petit nid d'amour, mesdames,
Un beau petit nid, un petit nid d'amour joli.

Dans ce petit nid, vous ne savez pas quoi ce qu'il y a,
Y a un petit œuf, un petit œuf d'amour, mesdames,
Un beau petit œuf, un petit œuf d'amour joli.

Dans ce petit œuf, vous ne savez pas quoi ce qu'il y a,
Y a un petit oiseau, un petit oiseau d'amour, mesdames,
Un beau petit oiseau, un petit oiseau d'amour joli.

Dans ce petit oiseau, vous n' savez pas quoi ce qu'il y a,
Y a un petit cœur, un petit cœur d'amour, mesdames,
Un beau petit cœur, un petit cœur d'amour joli.

Voici une des chansons énumératives les plus répandues au Canada, en France et en Louisiane. La chanson existe aussi en langue anglaise en Grande-Bretagne et aux États-Unis (Creighton & Senior, p. 258-260). Depuis les années 1970, des versions enregistrées sur disque l'ont rendue très populaire au Canada français.
Dans la plupart des versions, l'énumération des parties de l'arbre est récapitulative et comporte un refrain. Celle-ci diffère des autres en ce qu'elle comporte une énumération simple, sans refrain. Sa mélodie a aussi une beauté particulière. Une autre version recueillie par Helen Creighton comprenait à la fin une strophe additionnelle: « Dans ce petit cœur, vous ne savez pas quoi ce qu'il y a / Là, je suis votre serviteur, mesdames, / Là, je suis votre serviteur joli.

**************************************************************************************
Of all French enumerative songs, this is one of the best known in France, in Canada and in Louisiana. English versions of the song have also been found in Great Britain and the United States (Creighton & Senior, p. 258-260). Since the 1970s, commercial recordings of the song have made it very popular in French Canada.
In most versions, the enumeration of the tree parts includes a recapitulation with each new verse, followed by a refrain. This version is unusual, however, with its single enumeration and no refrain. This version is also remarkable because of its beautiful melody.

Versions publiées/Published versions: BARBEAU, En roulant ma boule, p. 589-592; CHIASSON et BOUDREAU, 2e série, p. 28; CHIASSON, Tout le long…, p. 21; CHIASSON et BOUDREAU, 7e série, p. 17-18; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 196-197; CREIGHTON, Maritime Folk Songs, p. 169; DESPRES, p. 82; FERLAND, p. 18-20; D. GAUTHIER, p. 120-121; MARIE-URSULE, p. 344-345; WHITFIELD, p. 63-64; YOUNG, p. 92-94.

Disques/Records: BEAUSOLEIL BROUSSARD, Tamanoir; ZACHARIE RICHARD, PFC; ED & BEE DESHOTELS, Swallow.

________________________________________________________________________________________________________
Bichet
Informatrice / Informant: Mme Laure McNeil, Pubnico-ouest, 1948. Laforte : Biquette (IV-Lb-1)

Bichet a tout mangé nos choux, (bis)
Il faut aller chercher le loup
Qui vienne piller Bichet!
Le loup veut pas piller Bichet,
Bichet veut pas sortir du champ.
Par essayant Bichet, Bichet,
Tu sortiras du champ.

Il faut aller chercher le chien
Qui vienne mordre le loup.
Le chien veut pas mordre le loup,
Le loup veut pas piller Bichet,
Bichet veut pas sortir du champ.

Il faut aller chercher le bâton
Qui vienne battre le chien.
Bâton veut pas battre le chien,
Le chien veut pas mordre le loup,
Le loup veut pas piller Bichet,
Bichet veut pas sortir du champ.

Il faut aller chercher le feu
Qui vienne brûler l'bâton.
Le feu veut pas brûler le bâton,
Bâton veut pas battre le chien,
Le chien veut pas mordre le loup,
Le loup veut pas piller Bichet,
Bichet veut pas sortir du champ.

Il faut aller chercher cette eau
Qui vienne tuer le feu.
Cette eau veut pas tuer le feu,
Le feu veut pas brûler le bâton,
Bâton veut pas battre le chien,
Le chien veut pas mordre le loup,
Le loup veut pas piller Bichet,
Bichet veut pas sortir du champ.

Il faut aller chercher le boeuf
Qui vienne boire cette eau.
Le boeuf veut pas boire cette eau,
Cette eau veut pas tuer le feu,
Le feu veut pas brûler le bâton,
Bâton veut pas battre le chien,
Le chien veut pas mordre le loup,
Le loup veut pas piller Bichet,
Bichet veut pas sortir du champ.

Il faut aller chercher boucher
Qui vienne tuer le bœuf.
Boucher veut bien tuer le boeuf,
Le boeuf veut bien boire cette eau,
Cette eau veut bien tuer le feu,
Le feu veut bien brûler le bâton,
Bâton veut bien battre le chien,
Le chien veut bien mordre le loup,
Le loup veut bien piller Bichet,
Bichet veut bien sortir du champ.
Par essayant Bichet,
Bichet, tu es sortie du champ.

Cette chanson amusante qui fait appel à l’imagination des enfants est bien connue au Canada français et en Louisiane. De plus, elle existe en plusieurs pays européens, y compris la Belgique, la Bulgarie, la France et la Hollande (Laforte, Catalogue… IV, p. 175-180). On appelle cette forme de chanson énumérative une randonnée. Dans certaines versions, Bichet ou Biquette est remplacé par la loutre. On trouve aussi la chanson de Biquet sous forme d’un récit qui est raconté et non chanté. Barbeau (En roulant ma boule) dit qu’il s’agit d’une des plus anciennes formes de poésie connue en Europe et que son origine remonte à l’Antiquité.
**************************************************************************************

This delightful children's song is well known in French Canada and in Louisiana. It also exists in many European countries, including Belgium, Bulgaria, France and Holland (Laforte, Catalogue… IV, p. 175-180). The song includes an enumeration of actions that grows longer with each verse, putting the child's imagination to work. In some versions, we find the otter instead of Bichet or Biquette. The song also exists as a children's story that is recited rather than sung. Barbeau (En roulant ma boule) says it is one of the oldest types of verse found in European culture, with examples going back to Antiquity.

Versions publiées/Published versions: ADAM, p. 112-114; BARBEAU, Alouette, p. 167-168; BARBEAU, En roulant ma boule, p. 605-614; BRANDON, v. 2, p. 151; Chante rossignolet, p. 16-17; CHIASSON, Tout le long…, p. 40; CHIASSON et BOUDREAU, 8e série, p. 53; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 214-216.

________________________________________________________________________

La poulette blanche
Informatrices / Informants: Mme Sephora et Mme Louis Amirault, Pubnico-ouest, 1948. Laforte : La poulette grise (IV-Ma-42).

La poulette grise
Qui pond dans les cerises,
A pondu un petit coco,
Paulette le mangera bientôt,
Dadiche et dado.

La poulette blanche
Qui pond dans les branches,
Elle pondra un petit coco,
Annette le mangera bientôt,
Dadiche et dado.
La poulette verte
Pond dans les couvertes,
Elle pondra un petit coco,
Catherine le mangera bientôt,
Dadiche et dado.

La poulette brune
Qui pond dans la lune,
Elle pondra un petit coco,
Léa le mangera bientôt,
Dadiche et dado.
La poulette noire
Qui pond dans l'armoire,
Elle pondra un petit coco,


Charlotte le mangera bientôt,
Dadiche et dado.

Informatrice / Informant: Mme Henri Pothier, Pubnico-ouest, 1948.

La poulette grise
Qui pondait dans les cerises,
Elle pondra un petit coco
Pour Marie Catherine,
Dâdiche et dâdo.

L'une des berceuses de langue française les mieux connues, on retrouve celle-ci partout au Canada français et même en Louisiane, où la poulette rouge pond à Bâton-Rouge (Whitfield, p. 28). La chanson consiste en une énumération de poulettes de différentes couleurs. Elle peut être plus ou moins longue selon la succession des couleurs.
Dans la plupart des versions, les poulettes pondent pour l'enfant qui "dormira bientôt". Ici, on dit plutôt que l'enfant mangera les œufs aussitôt qu'ils seront pondus. Les versions de Pubnico ont de particulier que l’on nomme un enfant différent à chaque couplet, alors qu’ordinairement on répète le même nom, soit celui de l'enfant que l'on berce pour l'endormir.
La douceur et la beauté des airs utilisés dans la chanson ont sans doute contribué à son maintien dans la tradition. Cette berceuse est encore beaucoup chantée aujourd'hui pour faire dormir les petits enfants. En comparant les deux airs présentés ici, on voit comment la mélodie peut varier. Sur l’enregistrement, nous avons retenu l’intervention d’Helen Creighton afin d’illustrer la façon dont elle encourageait souvent ses informatrices, sollicitant d’autres versions de chansons connues.

**************************************************************************************

One of the best known French language lullabies, this song is known everywhere in French Canada and even in Louisiana, where the red hen Iays her eggs “in Bâton-Rouge” (Whitfield, p. 28). The song names a series of hens that lay eggs in places whose names rhyme with their colours. The length of the song varies, according to the succession of hens of various colours.
In most versions, the hens lay eggs for a child who will soon be asleep. Here, they lay for the child who will soon eat the eggs. In the versions from Pubnico, a different child is named in each verse, but ordinarily only one child is named, the one who is being rocked to sleep. A comparison between the two versions presented here shows how its tune can vary.
The beauty and softness of the tunes used with the song no doubt contributed to its popularity in French Canadian tradition. This lullaby is still used today to put young children to sleep. A comparison between the two versions presented here shows how different melodies can be adapted to the verse pattern. Helen Creighton would often encourage the singers, soliciting other known versions of songs. We have an illustration of this on the recording, where we hear her asking about a different version.

Versions publiées/Published versions: BARBEAU, Les enfants disent, p. 12-16; BARBEAU, En roulant ma boule, p. 495-496; Chante rossignolet, p. 50; CHIASSON et BOUDREAU, 3e série, p. 4; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 219-220; DESPRES, p. 12, 13, 15; FOWKE, p. 50-51; GAGNON, p. 263-265; MILLS, p. 10; WHITFIELD, p. 27-28.

______________________________________________________________________________
Une fille qui se marie
Informateur / Informant: Peter Chiasson, Grand-Étang, 1957. Laforte : La femme à ne pas choisir (IV-Ia-2)

Une fille qui se marie, elle fait une folie.
Quand elle est mariée, elle engage sa liberté.
Elle engage sa liberté, ça lui fait de la peine
Elle aura du chagrin le soir et la matin.
Oh la, la, la, ma bouteille, ma bouteille!
Oh la, la, la, ma bouteille qui s'en va.
Je t'appelle Verdure, Verdure, viens-t-à ma table,
Oh verse-moi du vin pour calmer mon chagrin.


Si jamais que je marie une fille qui soit belle,
Tous les amants viendront la caresser,
Viendront la caresser, ça m'y fera de la peine.
J'en aurai du chagrin le soir et le matin.

Si jamais que je marie une fille qui soit laide,
Il est assuré que jamais je pourrai l'aimer,
Que jamais je pourrai l'aimer, ça y fera de la peine.
Elle aura du chagrin le soir et le matin.

Cette chanson plutôt rare prévient des dangers du mariage. Selon M. et R. d'Harcourt, le sujet de la chanson est ancien, ayant été retrouvé dans un manuscrit du XVe siècle en France. Dans la plupart des versions, on prévient un garçon des désavantages du mariage mais, dans celle-ci, on avertit autant les filles que les garçons.
Dans les versions complètes, on prévient non seulement contre les femmes trop belles ou trop laides, mais aussi contre les femmes trop riches ou trop pauvres. Une version acadienne se termine ainsi: « C'est la vie de garçon qui est la plus belle / À boire, à manger, une fille à son côté » (CEA, coll. Allain-Doucet, enreg. no 105).
**************************************************************************************

This rare song warns against the dangers of marriage. According to M. and R. d'Harcourt, the song’s theme is very old, having been found in a French song manuscript dating from the 15th century. In most versions, a young man is warned of the dangers of marriage, whereas in this one, girls are warned as well.
In complete song texts, the man is told to avoid not only about women who are too beautiful or too ugly, but also those who are too wealthy or too poor. One Acadian version ends by stating that it is best to remain a bachelor, eating and drinking with a pretty girl at one’s side (CEA, Allain-Doucet Collection, No. 105).


Versions publiées/Published versions: CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 95-96; M. et R. D'HARCOURT, p. 250-251; R. ROY, p. 24.



_______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Voilà le printemps qu’arrive
Informateur / Informant : Thomas Doucet, Grand-Étang, 1944. Laforte : Départ du marin – la vie des matelots (II-H-22)


Oh, voilà le printemps qu’arrive,
Navigateurs il nous faut partir.
Choisissant le temps le plus beau
Puisqu’il nous faut voguer sur ces eaux.

Le plus cruel c’est la partance
Quand il faut dire adieu à ses amis,
En leur disant « Mes chers amis,
Ah, que la partance est cruelle,
Venez nous voir au bout d’un an,
Puisque nous sommes de vos parents.

Dans le bon temps on vit à son aise,
Pour un seul jour ce n’est point bien long.
Le lendemain c’est la tempête,
Le navire est à la renverse,
Nous sommes bien poussés sur ces eaux;
Voilà la vie de nos matelots.

L’été se passe, l’automne arrive;
Navigateurs nous y sommes point tous.
Nous regrettons tous nos parents
Qui sont finis par les tempêtes
Et l’on peut croire que dans un an,
Il peut nous en arriver autant.

Cette chanson de départ est relativement rare, comparée à l’ensemble des chansons de départ du répertoire traditionnel. Elle n’est pas connue en France mais elle a été recueillie plusieurs fois au Québec et en Acadie. Il existe aussi une seule version ontarienne (Cahier de chants de marins, p. 83), dans laquelle on trouve une strophe où les marins envient les travailleurs sur la terre ferme : « Vous autres, habitants sur la terre / Vous vivez bien plus heureux que nous. / Vous travaillez toute la journée, / Vous avez la nuit à vous autres. /Nous travaillons toute la journée / Et bien souvent faut la recommencer ». Massignon a recueilli une version au Nouveau-Brunswick, où cette strophe se termine : « Le soir finit votre journée / Nous autres il faut la recommencer ». Dans le recueil de 50 chansons traditionnelles acadiennes par Geneviève Massignon, celle-ci est la seule qui a été classée comme chanson locale, indiquant que l’auteure y a cherché en vain une origine française. [NOTE : Celle-ci est la seule chanson acadienne recueillie par Helen Creighton à avoir été égarée lors de la publication de La fleur du rosier].
**************************************************************************************

This sad song about a sailor’s departure is relatively rare, being unknown in France. Of the 50 traditional Acadian songs published by Geneviève Massignon, this is the only one the author considered as a local composition. It has been collected in Québec, Acadia, and also once in Ontario. Here, the sailors lament the fact that they are bound for a long journey on the dangerous seas, far from their loved ones. Some versions recorded in New Brunswick and Ontario (Cahier de chants de marins, p. 83) contain a verse where the sailors remark how lucky are those who work on the land, because they are free to go home at the end of each day, while a sailor’s work day is never finished. [NOTE: This is the only Acadian song collected by Helen Creighton that was overlooked in the preparation of La fleur du rosier]

Versions publiées/Published versions: BOUTHILLIER et COLLEU, p. 83 et 87; CHIASSON et BOUDREAU, 8e série, p. 15; MASSIGNON, Trésors de la chanson, t. 1, p. 293; POUINARD, vol. 2, p. 135.

________________________________________________________________________

Oh, qui me passera le bois
Informatrices / Informants: Mme Sephora et Mme Louis Amirault, Pubnico-Ouest, 1948. Laforte : Le passage du bois (I-K-7)

"Oh, qui me passera le bois,
Moi, qui est si petite,
Oh! voilà monsieur que voilà,
Qu'il a bonne mine, là,
Sommes-nous au milieu du bois?
Sommes-nous à la rive?

Ce sera monsieur que voilà,
Qu'il a bonne mine!"
Quand nous fûmes au milieu du bois,
La belle se mit à rire là,
La belle se mit à rire.

Oh, quand ils furent au milieu du bois,
La belle se mit à rire.
"Oh, qu'avez-vous, belle, qu'avez-vous,
Qu'avez-vous à tant rire, là?

Oh, qu'avez-vous belle qu'avez-vous
Qu'avez-vous à tant rire?
Je ris de toi, je ris de moi,
De nos belles entreprises, là.

Je ris de toi, je ris de moi,
De nos belles entreprises,
Et de m'avoir passé le bois
Sans petit mot me dire, là.

C'est de m'avoir passé le bois,
Sans petit mot me dire.
Oh, revenez, belle, revenez,
Je vous donnerai cent livres, là,
Je vous donnerai cent livres.

Oh, revenez, belle, revenez,
Je vous donnerai cent livres.
Ni pour un cent, ni pour deux cents,
Ni pour trois, ni pour mille, là.

Ni pour un cent, ni pour deux cents,
Ni pour trois, ni pour mille,
Il fallait plumer la perdrix
Tandis qu'elle était prise, là."

Cette chanson en laisse existe sans doute depuis plusieurs siècles. Gagnon (p. 90) a noté que son ancienneté est clairement indiquée par la phraséologie inusitée de sa mélodie. Elle a été recueillie à plusieurs endroits au Canada français et aussi en France, d'où elle est originaire.
Le chanson raconte une occasion manquée. Après avoir été conduite à travers le bois sans avoir été molestée, la fille se moque de son escorte, disant: « Il fallait plumer la perdrix / Tandis qu'elle était prise ». Dans certaines versions, il arrive que le galant trouve le mot juste pour répondre à la fille: « Je ne suis point plumeur de perdrix, / Ni attrapeur de filles » (CEA coll. Anselme Chiasson, enreg. no 227).
**************************************************************************************

This traditional song has undoubtedly existed for many centuries. According to Gagnon (p. 90), its age is clearly indicated by the uncommon character of the melody. The song has been collected all over French Canada and in many parts of France. It is one of the many that tell of a missed opportunity. After having been led through the woods without being molested, the girl mocks her escort, comparing him to a hunter who has let a partridge get away. In some versions, the escort finds a proper reply, saying he doesn’t hunt partridges, nor does he hunt young girls (CEA, Anselme Chiasson Collection, No. 227).

Versions publiées/Published versions: BARBEAU, Jongleur Songs..., p. 170-172; CANTELOUBE, p. 66; CHIASSON et BOUDREAU, 3e série, p. 33; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 18-19; GAGNON, p. 90-93; M. et R. D'HARCOURT, p. 405; LAFORTE, Chansons de facture…, p. 606-607.

Disque/Record: Acadie et Québec, RCA Victor.




_______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Cobichon
Informatrice / Informant: Mme Laure McNeil, Pubnico-ouest, 1948. Laforte : Dans sa cabane (VI-A-33)

Dans sa cabane,
Cobichon vit content
Avec sa femme
Et ses petits enfants.
Au milieu du repas,
Cobichon s'écria:
"Angélique, Angélique,
Viens manger ton souper,
Les patates sont cuites."

Cette chanson brève est sans doute d’origine canadienne. Il en existe plusieurs versions québécoises, mais la chanson est très rare en Acadie. Il s’agit d’une parodie du chant de Noel bien connu, Dans cette étable. Dans la première édition de son Catalogue, Laforte cite une autre version où le personnage s'appelle Pierrot et non Cobichon.
**************************************************************************************

This brief nonsense song is no doubt of Canadian origin. It has often been collected in Québec, but only a few times in Acadia. It is a parody of the well known Christmas carol entitled “Dans cette étable”. Parodies such as this one used to be quite frequent, although few have ever made it into print. In the first edition of his Catalogue, Laforte presents a version where the character who is cooking potatoes for his family is named "Pierrot" instead of "Cobichon

Versions publiées/Published versions: CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 216; LAFORTE, Catalogue, p. 108.

________________________________________________________________________

Un matin je me lève
Informatrices / Informants: Mme Henri Pothier, Mme Sephora et Mme Louis Amirault, Pubnico-ouest, 1948. Laforte : Je me lève à l’aurore du jour (II-H-1)

Un matin je me lève plus aurore que le jour,
Au château de la belle, je m'en vas y faire l'amour:
"Belle, dormez-vous, sommeillez-vous?
Chère Nanon, si vous dormez, réveillez-vous,
C'est votre amant qui parle à vous".

Elle allume sa chandelle et prend son jupon blanc,
Elle va ouvrir la porte à son fidèle amant,
Elle se jeta dedans ses bras en lui disant:
"Oh, c'est-y-toi, mon cher amant,
Qu'es revenu du régiment?

-Retire-toi, la belle, car tu me fais mourir;
Le régiment m'appelle, il faut bien obéir,
Je suis engagé pour six ans en Orient,
Je suis engagé pour six ans,
C'est pour servir le régiment.

-Six ans, mon cher amant, six ans c'est bien longtemps,
Qui comptera mes peines, mes chagrins, mes tourments?
Je m'en irai dedans ces champs, toujours pleurant,
Toujours pleurant, mon cher amant,
Celui que mon cœur aimait tant.

-Les garçons du village vraiment de bons enfants,
Ils vous feront l'amour-e tandis que je serai absent,
Ils vous diront de temps en temps: 'Pleurez pas tant,
Pleurez pas tant pour votre amant,
Car il est mort au régiment.

-Les garçons du village ne savent pas faire l'amour,
Ils ont toujours le même langage,
Toujours le même discours.
Ils ne sont pas comme toi, hélas, mon cher amant,
A toutes les fois que tu reviens,
Y a toujours du changement".

Cette ancienne chanson française est assez répandue au Québec et en Acadie en plus d’exister dans différentes régions de son pays d'origine. Barbeau (Le Rossignol, p. 90) signale qu'elle tient du genre fort ancien de l'aubade, car elle met en scène un galant qui se présente sous les fenêtres de la belle au point du jour. Le nom de la fille varie d'une version à l'autre, mais Barbeau estime que celui de Nanon est probablement le plus ancien. Dans la version qu’il publie, le galant dit: « Je pars pour la ville d'Orléans » et non « Je suis engagé pour six ans en Orient ».
La version présentée ici semble complète car dans aucune autre ne trouve-t-on plus de six strophes. Le plus souvent, on en retrouve que quatre ou cinq.
**************************************************************************************

This is ancient song about a soldier who leaves his sweetheart for the wars. It is fairly widespread in Québec and Acadia and also exists in different regions of France, from where it originated. Barbeau (Le Rossignol, p. 90) mentions that its form is that of the medieval "aubade," where a suitor serenades his sweetheart from beneath her window at dawn. The girl's name varies from one version to another, but Barbeau thinks Nanon is probably the earliest one. In his version, the suitor says that he is leaving for the town of Orléans, rather than for the Orient.
The version presented here seems quite complete, having six stanzas, whereas the song usually includes only four or five.

Versions publiées/Published versions: BARBEAU, Le Romancero..., p. 121-122; BARBEAU, Le Rossignol, p. 89-91; CANTELOUBE, p. 70; CHIASSON et BOUDREAU, lère série, p. 3; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 80-81; M. et R. d'HARCOURT, p. 201-202; MARIE-URSULE, p. 301-302.

Disques/Records: Acadie et Québec, RCA; Folk Music from Nova Scotia, Folkways.

________________________________________________________________________

Le nique de lièvre
Informatrice / Informant: Mme Henri Pothier, Pubnico-ouest, 1948. Laforte : Le nid du lièvre (V-F-46)

J'ai trouvé le nique de lièvre
Mais le lièvre n'y était pas.
Le matin quand il se lève,
Il emporte les lits, les draps.
Chantons, dansons,
Belle bergère, entrez en danse,
Embrassez celui qui vous plaira.

Saluez-vous cinq ou six coups
Par la santé d'amour.
Ah! j'aimerai qui m'aime, m'aime,
Ah! j'aimerai qui m'aimera.

Amis, saluez-vous,
Amis, saluez-vous,
Saluez-vous cinq ou six coups
Par la santé d'amour.
Ah! j'aimerai qui m'aime, m'aime,
Ah! j'aimerai qui m'aimera.

Cette chanson accompagnait une ronde. Elle semble être d’origine française, mais a surtout été recueillie au Québec. Les anciennes rondes étaient jadis dansées fréquemment dans les veillées au Canada français et sont maintenant tombées dans l'oubli. Dans une ronde, il y a ordinairement un meneur qui non seulement mène la danse mais aussi entonne les couplets de la chanson qui l'accompagne.
Dans celle-ci, la première strophe invite une dame à danser et les autres annoncent des saluts. Dans la version de Gagnon, on chante: « Sautons, dansons » et non: « Chantons, dansons ». Gagnon dit que les danseurs sautent à qui mieux mieux en chantant ces paroles.
La chanson "Le nique de lièvre," tout comme la danse ronde du même nom, est aujourd'hui très rare en Acadie. Le mot « nique » présente une prononciation archaïque du mot « nid ».
**************************************************************************************

This song once accompanied a round dance. It is probably of French origin, but has mostly been collected in Québec. At one time, many old round dances were performed at traditional French Canadian "veillées," or evening entertainments. These dances have now fallen into disuse. In a round dance, there is usually a leader, who leads not only in the dance, but also in the accompanying song.
In this round, the second verse invites a lady into the dance, while the others shout greetings. In the version published by Gagnon, the dancers mention jumping and dancing rather than singing and dancing. Gagnon says the dancers jumped wildly while singing those words.
This song is now as little known among Acadians as the round dance of the same name. “Nique” is archaïc French for “nid” or nest.

Versions publiées/Published versions: CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 207-208; GAGNON, p. 153-154; LARUE Les chansons populaires, p. 381; MACMILLAN, vol. 2, P. 900-902.

______________________________________________________________________________
Trois graines de Pimprenelle
Informatrice / Informant: Mme Sephora Amirault, Pubnico-ouest, 5 août 1948. Laforte : Ma mère m’a tuée

Mon père, mon père, vous me tenez dans votre bouche
Par vos mains qui sont si douces.
Mon petit frère m'avait tuée dans la prée de Haiegré,
Pour trois graines de pimprenelle
Que j'avais trouvées, que j'avais trouvées.

Ma mère, ma mère, vous me tenez dans votre bouche
Par vos mains qui sont si douces.
Mon petit frère m'avait tuée dans la prée de Haiegré,
Pour trois graines de pimprenelle
Que j'avais trouvées, que j'avais trouvées.

Bourreau, bourreau, tu me tiens dans ta bouche
Par tes mains qui sont farouches.
Tu m'avais tuée dans la prée de Haiegré,
Pour trois graines de pimprenelle
Que j'avais trouvées, que j'avais trouvées.

Celle-ci est une des rares chansons à être chantée à l'intérieur d'un conte, dont elle fait partie intégrale. La chanson est rattachée au conte intitulé « Les os qui chantent » et qui porte le numéro 780 dans le catalogue international des contes-types (Laforte, Poétiques…, p. 96).
**************************************************************************************

This is one of the rare songs to be sung as part of the telling of a folktale. The tale is known as “The singing bones”, and is identified as tale-type No. 780 (Laforte, Poétiques…, p. 96).

Version publiée/Published version: CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 222-223.

________________________________________________________________________

Le Juif errant
Informateurs / Informants: Hilaire Pothier, violon / violin, Laure McNeil, piano, Pubnico-ouest, 6 août 1948. Laforte : Le Juif errant (II-B-11)

Bien que la plupart des pièces de musique interprétées au violon en Acadie soient des reels ou des jigues de style irlandais ou écossais, nous avons ici un rare exemple d’une version instrumentale d’une chanson française traditionnelle. Il s’agit de la mélodie propre à la chanson « Le Juif errant ». Les colporteurs distribuaient jadis une illustration du personnage du Juif errant, entouré des paroles de la chanson (Barbeau, Le Rossignol…, p. 110). Le texte imprimé a sans doute aidé à préserver de l'oubli cette longue complainte qui raconte une légende religieuse selon laquelle un nommé Isaac Laquedem avait refusé de laisser Jésus se reposer devant sa demeure après avoir tombé pendant sa montée au Calvaire. Condamné à faire le tour de la terre à pied, le Juif errant apparaît à divers endroits et à différents moments. Il arrivait que l’on compose des chansons locales en utilisant la mélodie du « Juif errant », mais on l’entendait rarement interprétée au violon.

**************************************************************************************
Although most Acadian fiddle tunes are either Jigs or Reels in the Irish or Scottish style, this is a rare example of an instrumental version of a French traditional song. The melody comes from the ballad of “The Wandering Jew”, a song based on a religious legend about a man named Isaac Laquedem, who was condemned to roam the earth continually until the end of the world because he had refused to let Jesus rest near his home during his ascent to the Calvary. According to legend, the man appears at different times and in various places. Itinerant pedlars used to sell images of the Wandering Jew, below which were printed the words to the song (Barbeau, Le Rossignol…, p. 110). This no doubt helped it survive in the Acadian song tradition. People sometimes composed local songs using its simple melody, but it was rarely played by fiddlers.

Versions publiées/Published versions: ADAM, p. 156-160; BARBEAU, Le Rossignol…, p. 110; CANTELOUBE, p. 16-17; CREIGHTON, La fleur du rosier, p. 152-154 ; GAGNON, p. 131-136; MACMILLAN, p. 818-826; RIVARD, p. 127-132.




Sources imprimées / Printed Sources

Adam, Gaston-Eugène, Chansons françaises en Louisiane, Thèse - Master of Arts - Louisiane State University, 1950, 172 p.
Baillargeon, Hélène, Vive la Canadienne, Montréal, Éditions du Jour, 1962, 157 p.
Barbeau, Charles-Marius, Alouette, Montréal, Éditions Lumen, 1946, 216 p.
---En roulant ma boule, Ottawa, Musée national de l'homme, 1982, 753 p.
---Les enfants disent, Montréal, Éditions Paysana, 1943, 90 p.
---Jongleur Songs of Old Quebec, Toronto, Ryerson Press, 1962, 202 p.
---Le roi boit, Ottawa, Musée canadien des civilisations, 1987, 623 p.
---Romancero du Canada, Montréal, Beauchemin, 1937, 254 p.
---Le Rossignol y chante, Ottawa, Musée national de l'homme, 1962, 485 p.
---"Trois beaux canards", Les Archives de Folklore, vol. 2, Montréal, Fides, 1947, p. 97-138.
Barbeau, Charles-Marius et Edward Sapir, Folk Songs of French Canada, New Haven, Yale University Press, 1925, 216 p.
Bouthillier, Robert et Michel Colleu, Cahiers de chants de marins : Terres françaises d'Amé?rique, Douarnenez, [France], Le Chasse-Maré?e / Montré?al, Radio-Canada, 2000, 88 p.
Brandon, Elizabeth, Moeurs et langue de la paroisse Vermillon en Louisiane. Thse, Ph.D., Université Laval, Québec, 1955, 2 vol.
Canteloube, Marie-Joseph, Anthologie des chants populaires franco-canadiens, Paris, Durand & Cie, 1953, 158 p.
Chante rossignolet, Québec, Les Éditions Ferland, 1964, 82 p.
Chiasson, R.P. Anselme, Tout le long de ces côtes : chansons folkloriques des Îles de la Madeleine. Mont St-Hilaire (Qc), Chant de mon pays, c1983, 64 p.
Chiasson, R.P. Anselme et R.P. Daniel Boudreau, Chansons d'Acadie, séries 1-3, Pointe-aux-Trembles (Qué.), La Réparation, 1942-1948.
---Chansons d'Acadie, séries 4-5, Moncton, Les Éd. des Aboiteaux, 1972-1979.
---Chansons d'Acadie, séries 6-11, Chéticamp (N.-É.), Les Trois Pignons, c1983-1993.
---Chansons d'Acadie, séries 1-4, Moncton, Centre d’études acadiennes, 2002 (nouvelle édition).
Coireault, Patrice, Formation de nos chansons folkloriques, Paris, Éditions du Scarabée, 1953-1963, 4 vol., 567 p.
Cormier, Charlotte, Écoutez tous petits et grands, Moncton, Éditions d'Acadie, 1978, 81 p.
Creighton, Helen, La fleur du rosier – Chansons folkloriques d’Acadie / Acadian Folk Songs, Sidney (N.S.), University College of Cape Breton Press / Ottawa, Canadian Museum of Civilization, 1988, 262 p.
Creighton, Helen, Maritime Folk Songs, Toronto, Ryerson Press, 1961, 210 p.
Creighton, Helen and Doreen Senior, Traditional Songs from Nova Scotia, Toronto, Ryerson Press, 1950, 284 p.
Creighton, Helen and Eunice Sircom, Eight Ethnic Folk Songs for Young Children, Toronto, Gordon Thompson Ltd., 1977, 20 p.
Croft, Clary, Helen Creighton – Canada’s First Lady of Folklore, Halifax, Nimbus Publishing, 1999, 297 p.
Daignault, Pierre, Vive la compagnie, Montréal, Éditions de l'Homme, 1961, 126 p.
---51 chansons à répondre, Montréal, Éditions de l'Homme, 1963, 124 p.
Deschènes, Donald, C'é?tait la plus jolie des filles, Montré?al, ditions des Quinze, 1982, 236 p.
Després, Florinne, Je chante mon Acadie, Moncton, Éditions d'Acadie, 1979, 83 p.
Ferland, Marcien, Chansons à répondre du Manitoba, Saint-Boniface (Man.), Éditions du Blé, 1979, 218 p.
Fowke, Édith. Folk Songs of Quebec, Waterloo, Waterloo Music Company, 1957, 93 p.
Gagné, Marc, C'est dans la Nouvelle-France, Montréal, Le Tamanoir, 1977, 40 p.
Gagnon, Ernest, Chansons populaires du Canada, Québec, Foyer Canadien, 1865, 375 p.
Gauthier, Conrad, 40 chansons d'autrefois, Montréal, Thérien et frères, 1930, 84 p.
Gauthier, Dominique, Chansons de Shippagan, Québec, Presses de l'Université Laval, coll. Les Archives de Folklore, no 17, 1975, 178 p.
Greenough, William Parker, Canadian Folk-Life and Folk-Lore, New York, G.H. Richmond, 1897, 199 p.
D’Harcourt, Marguerite, "Analyse des versions musicales canadiennes des 'Trois beaux canards'", Les Archives de Folklore, vol. 4, Montréal, Fides, 1949, p. 129-136.
D’Harcourt, Marguerite et Raoul, Chansons folkloriques françaises au Canada, Québec, Presses de l'Université Laval / Paris, Presses Universitaires de France, 1956, 449 p.
Laforte, Conrad, Le catalogue de la chanson folklorique française, Québec, Presses de l'Université Laval, 1958, 397 p.
---Le catalogue de la chanson folklorique française - supplément, Québec, Presses de l'Université Laval, 1964, 283 p.
---Le catalogue de la chanson folklorique française I - Chansons en laisse, Québec, Presses de l'Université Laval, I977, coll. Les Archives de Folklore, no 18, 561 p.
---Le catalogue de la chanson folklorique française II - Chansons strophiques, Québec, Presses de l'Université Laval, I981, coll. Les Archives de Folklore, no 20, 841 p.
---Le catalogue de la chanson folklorique française III - Chansons en forme de dialogue, Québec, Presses de l'Université Laval, I982, coll. Les Archives de Folklore, no 21, 144 p.
---Le catalogue de la chanson folklorique française IV - Chansons énumératives, Québec, Presses de l'Université Laval, I979, coll. Les Archives de Folklore, no 19, 295 p.
---Le catalogue de la chanson folklorique française V - Chansons brèves (les enfantines), Québec, Presses de l'Université Laval, I987, coll. Les Archives de Folklore, no 22, 1017 p.
---Le catalogue de la chanson folklorique française VI - Chansons sur les timbres, Québec, Presses de l'Université Laval, I983, coll. Les Archives de Folklore, no 23, 649 p.
---Chansons de facture médiévale retrouvées dans la tradition orale, Québec, Nuit blanche éditeur, 1997, 2 v., 972 p.
Laforte, Conrad et Monique Jutras, Vision d'une socié?té? par les chansons de tradition orale à? caractè?re é?pique et tragique. Sainte-Foy (Qc), Presses de l'Universit Laval, 1997, 529 p.
Laforte, Conrad et Carmen Roberge, Chansons folkloriques à? sujet religieux. Qubec, Presses de l'Université? Laval, 1988, 388 p.
--- Contes populaires canadiens », Journal of American Folklore, vol. 39, no 154, (1926), p. 371-449.
LaRue, Hubert, "Les chansons populaires et historiques du Canada", Le foyer canadien, vol. 1, Québec, 1863, p. 321- 384.
Légaré, Ovila, Les chansons d'Ovila Légaré, Montréal, Éditions du Jour, 1972, 160 p.
Lemieux, Germain, s.j., Folklore franco-ontarien, Sudbury, Société historique du Nouvel-Ontario, 1949, 48 p.
---Chansons II, Sudbury, Société historique du Nouvel-Ontario, 1950, 47 p.
MacMillan, Cyrus, The Folk Songs of Canada, Thesis, Harvard University, 1909, 2 vol., 1102 p.
Marie-Ursule, Sœur, Civilisation traditionnelle des Lavalois, Québec, Presses de l'Université Laval, coll. Les Archives de Folklore, nos 5-6, 1951, 403 p.
Massicotte, E.-Z. "Une complainte sur la mort de la Dauphine". Bulletin de Recherches Historiques, vol. 29, (1923), p. 40-41.
Massignon, Geneviève, La chanson populaire française en Acadie, Thèse, Ph.D., Université de Paris (Sorbonne), 1962, 368 p.
---Tré?sors de la chanson populaire franç?aise : autour de 50 chansons recueillies en Acadie, Paris, Bibliothè?que nationale de France, 1994. 2 v., 373 + 161 p.
Mills, Allan, Favorite French Folk Songs, New York, Oak Publications, 1963, 95 p.
Musique acadienne du sud-ouest de la Nouvelle-cosse. Yarmouth (N.-É), Lescarbot,1982, 5G p.
Peacock, Kenneth, Songs of the Newfoundland Outports, Ottawa, National Museum of Man, (Bulletin no 197), 1965, 3 vol., 1035 p.
Piché, Eudore, Chansons du vieux Québec, Montréal, Beauchemin, 1939, 211 p.
Pouinard, Alfred-A., Recherches sur la musique d’origine française en Amérique du Nord, Thèse, Ph.D., Université Laval, Québec,1950, 2 vol.
Rivard, Adjutor, Contes et propos divers, Québec, Garneau, 1944, 246 p.
Roy, Carmen, La littérature orale en Gaspésie, Ottawa, Musée National du Canada, (Bulletin no 134), 1955, 389 p.
Roy, Raoul, Le chant de l’alouette, Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1969, 104 p.
Whitfield, Irène Thérèse, Louisiana French Folk Songs, Louisiana State University Press, 1939, 159 p.
Young, Russell Scott, Vieilles chansons de Nouvelle-France, Québec, Presses de l’Université Laval, coll. Les Archives de folklore, no 7, 1956, 129 p.


Disques mentionnés / References to Recordings

Acadie et Québec, RCA.
Allan Mills, French Folk Songs For Children, Folkways.
Allan & Léontine Kelly, Suivant l'étoile du nord, CEA-1002.
Hélène Baillargeon & Allan Mills, Duet Songs of French Canada, Folkways.
Hélène Baillargeon & Allan Mills, Folk Songs of Acadia, Folkways.
Beausoleil Broussard, Mutinerie, Tamanoir.
C'est dans la Nouvelle-France, Tamanoir.
Chansons folkloriques du Canada, RCA.
Chants à répondre et à danser, Le Chant du Monde.
Ed & Bee Deshotels, La vie des Cajuns, Swallow.
Folk Music from Nova Scotia, Folkways.
Jacques Labrecque, Folk Songs of Canada, Folkways.
Jacques Labrecque, Chansons populaires du Canada, London.
Les Joyeux Copains, London.
Martin Carthy, Fontana.
Raoul Roy, Chansons folkloriques du Québec, Sélect.
Wade Hemsworth, Sonqs from the Canadian North Woods, Folkways.
Zachary Richard, Migrations, PFC.

credits

released June 8, 2023

license

all rights reserved

tags

about

Helen Creighton Folklore Society Dartmouth, Nova Scotia

Honoring folklorist Helen Creighton (1899-1989), who collected and published traditional music and lore of Maritime Canada. The mandate of the Helen Creighton Folklore Society is to encourage and promote work that reflects the diverse folk culture of the Maritimes as exemplified by the work begun by Dr. Creighton. For more information visit our website at: www.helencreighton.org. ... more

contact / help

Contact Helen Creighton Folklore Society

Streaming and
Download help

Report this album or account

If you like Helen Creighton Folklore Society, you may also like: